Pour Allan Mauduit, Vilaine est avant tout un conte moderne qui pioche dans tous les registres d'humour mais sans jamais perdre le fil de l'histoire. " On n'a pas dérogé aux règles du conte, explique-t-il. La modernité vient du traitement qu'on a donné à cette fable. " Jean-Patrick Benes, quant à lui, définit cette comédie comme "la vengeance de Cendrillon". " Il y a aussi une référence à Amélie Poulain, confie-t-il. Notre héroïne s'appelle Mélanie Lupin. "
De son propre aveu, Jean-Patrick Benes est fan de Ben Stiller, Will Ferrell et Vince Vaughn. "C'est lui le plus "con"de nous deux, déclare Allan Mauduit. L'idée du chaton dans la poubelle, c'est lui !" Et son acolyte de poursuivre : "J'aime bien faire du mal aux animaux. J'adore le combat entre Ben Stiller et le chien dans Mary à tout prix. J'aime aussi beaucoup la mort des trois toutous dans Un poisson nommé Wanda. Pour revenir à l'idée du "politiquement incorrect", on adorait l'idée d'avoir un personnage qui fait le mal parce que ça lui fait du bien, contrairement à une Amélie Poulain qui fait le bien parce que ça lui fait du bien."
Pour Vilaine, Allan Mauduit et Jean-Patrick Benes ont fait jouer en second plan de nombreuses personnes au faciès assez particulier. " On a trouvé beaucoup de comédiens en province, à Bordeaux notamment, et on a travaillé avec eux en amont, raconte Allan Mauduit. Par exemple, on a une quarantaine de petits vieux dans la maison de retraite qui sont géniaux." Et Jean-Patrick Benes d'ajouter : "Tous ont adoré jouer des rôles un peu barrés. Nous étions constamment en demande et nos premières indications de jeu étaient toujours de se lâcher. Quitte ensuite à corriger les effets."
Pour Marilou Berry, avec Vilaine, on renoue avec des comédies à l'ancienne, à la Louis De Funès, où le comique de situations est primordial. "Selon moi, soit on reste ancré dans une réalité, et cela peut être très drôle comme Le Goût des autres, soit on va à fond dans l'improbable, explique la comédienne. Aujourd'hui, il y a un entre-deux dans le cinéma français qui manque d'audace et de dérapage. Vilaine y va franco, comme peuvent le faire des comédies américaines avec Jim Carrey, et ça fait du bien."
Les comédiens et les réalisateurs ont beaucoup travaillé en amont pour accorder leurs violons, et sur le tournage, ils ont diversifié les prises, d'abord en allant trop loin, puis en ajustant les effets, enfin en étant très sobres. "Ca laissait le choix à Allan et à Jean-Patrick, confie Marilou Berry. Finalement, on ne s'est pas posé tant de questions, on s'est amusé à jouer les situations. Faire les choses puis en discuter, c'est une méthode qui me plaît, alors qu'en général c'est l'inverse qui se produit."
Sur le tournage, Allan Mauduit et Jean-Patrick Benes étaient très friands des propositions d'acteurs. "Et surtout, ils sont jeunes, s'exclame Marilou Berry. Ils n'ont pas les mêmes valeurs, règles et tabous que les réalisateurs du cinéma dit "installé". Par exemple, tout le monde pouvait regarder les rushes, ce qui est très rare. Ils sont ouverts, tout en ayant leurs idées et convictions, et ils ne se comportaient pas comme une entité au dessus de l'équipe. Il y avait vraiment l'idée et l'envie d'accomplir ce film à plusieurs."
Au départ, c'est le rôle de Jessica, la bimbo, qui avait été proposé à Frédérique Bel, mais après quatre cent épisodes de La Minute Blonde, où elle interprétait Dorothy, la naïveté incarnée, elle tenait à sortir de cette facilité. "Artistiquement, je me dois de fuir ce genre d'évidences, confie la comédienne. Et puis, quand il n'y a pas de challenge, je m'ennuie. Du coup, j'ai débarqué au casting avec mon culot, en voulant jouer la chef des méchantes ! Il y avait déjà quelqu'un sur le coup, mais je leur ai dit : "Vous savez ce qu'est une vraie méchante ? C'est une fille qui vient voler le rôle à celle qui était prévue ! Laissez moi auditionner !!!". Je voulais leur montrer que je pouvais être Aurore la carnassière. Mais en rentrant chez moi, je n'en menais pas large ! J'ai bossé le scénario comme une malade, en cherchant ce que je pouvais apporter au personnage. J'ai décidé de mettre un maximum d'humour au service de sa méchanceté, car il n'y a rien de pire qu'une pétasse qui jubile avec étonnement de sa propre ignominie. J'aime toujours jouer avec les limites du hors sujet au niveau du ton... Et je suis revenue au casting : Allan et Jean-Patrick me donnaient la réplique, j'ai sorti le grand jeu : push up, regard manipulateur, bouche rouge, attitude SM castratrice, nez levé hautain avec l'assurance d'une voix posée... C'en était fait. J'avais tué la candide Dorothy, son Bon Dieu sans confessions, et la pauvre postulante dont je n'ai jamais su le nom."