Casser le mythe de la famille hollywoodienne à travers un film de divorce amer, voilà la noble intention de Kramer contre Kramer. Le film s'ouvre sur un montage alternatif entre le mari qui perd son temps à bavasser au boulot et la femme qui s'occupe, seule, de leur fils, corvées ménagères sur le dos. En plus d'illustrer le patriarcat en l'espace de seulement deux scènes, cette ouverture donne le ton quant à la nature critique de l'œuvre : Joanna quitte le foyer, laissant l'égocentrique Ted avec leur enfant.
Là où cette situation est ambigüe, et nous prête à nous identifier aux deux partis, c'est qu'elle oppose, d'un côté, ce mari négligeant, libéral, désireux d'offrir à son enfant une vie convenable, rattrapant ainsi ses errements passés ; et, de l'autre, cette mère attentionnée, au bout du rouleau psychologiquement, rongée par la culpabilité d'abandonner son fils.
On voit Ted s'occuper de Billy, maladroitement. Son impatience se traduit d'abord par de la colère, puis par un sentiment d'affection qui le pousse, en dépit se son travail chronophage, à passer plus de temps avec lui. Il se rend compte que ses relations en entreprise sont factices, qu'il n'est jamais qu'un salarié comme un autre, et que son manque de productivité, dû à son rôle de père, le rend moins rentable…
Sans tomber dans le mélodramatique, Kramer contre Kramer retranscrit avec pertinence le réel déchirant d'un divorce qui s'opère non par manque d'amour, mais par manque de communication, d'attention. Les vérités sont dites lors du procès. Les guet-apens rhétoriques se multiplient, jusqu'au verdict final.
Peut-être le film prend-il trop le parti du père repenti. Or le point de vue de la mère, la solitude qu'elle a traversée avant de retrouver quelqu'un, les multiples séances de psychologie, sont trop suggérés, altérant, par conséquent, la pleine compréhension des enjeux sentimentaux et humains de leur séparation.