Avec Passeur d'espoir, Branko Schmidt pose un regard d'une noirceur tranchante sur les conséquences tragiques d'une guerre ayant dévasté psychologiquement son pays. "Après la guerre, ce sont vraiment les anciens combattants qui se sont trouvés les premiers heurtés par les problèmes du quotidien et quasiment dans l'incapacité de retrouver une vie normale et l'issue se révélant souvent dramatique, explique le réalisateur. Le héros de Passeur d'espoir est dans cette configuration et se retrouve seul, dépouillé face à ce que l'on appelle des profiteurs de guerre corrompus et ayant des comportements totalement immoraux. La mafia a aujourd'hui des connexions s'étendant à tous les segments de la société, des connexions lui donnant la conviction d'être intouchable. Ce film s'arrête sur les blessures humaines et sociales de notre pays. La guerre a laissé de nombreuses cicatrices, des plaies ouvertes et la vie des gens, la société, en général, en ont été profondément transformées."
Branko Schmidt a choisi de ne pas traduire les passages en chinois pour intensifier un malaise et une incompréhension que pourrait ressentir le spectateur à la vue de ces scènes. "J'ai effectivement choisi de ne pas sous-titrer les passages en chinois afin que les spectateurs se retrouvent dans la même position que le héros, qu'ils puissent ressentir les mêmes sentiments que lui, explique le réalisateur. Il est à l'écoute de cette jeune Chinoise, il ne la comprend pas mais ressent ce qu'elle éprouve, c'est le plus important."
Branko Schmidt a souhaité intégrer un certain nombre de symboles dans Passeur d'espoir : la pluie, l'eau, les branches d'arbres nues, la boue... "Ce sont des images, des symboles du désespoir, celui qui ronge les héros du film, ils le renforcent, le traduisent, c'est un film noir". Le rouge à lèvres, qui "symbolise l'espoir, une vie nouvelle, une vie meilleure, l'envol vers l'Europe de l'Ouest". La lumière dans la nuit, vers la fin du film, qui représente "la mort du héros, une mort inévitable, inexorable, le seul moyen pour lui de sortir de la situation dans laquelle il se trouvait".
En 2006, Passeur d'espoir a remporté l'Antigone d'or au Festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier.
Cinéaste d'origine croate, né à Osijek en 1957, Branko Schmidt commence dès son adolescence par tourner de petits films, avant d'obtenir le diplôme de l'Académie des Arts Dramatiques de Zagreb. En 1982, il passe derrière la caméra pour la télévision et réalise son premier long métrage en 1988, Sokol Did Not Love Him, pour lequel il obtient prix du Meilleur Premier Film au Festival de Pula. Il enchaîne avec Evil Blood en 1991, Vukovar: The Way Home en 1994, Noël à Vienne en 1997, Heart is no Longer Hype en 1999, La Reine de la nuit en 2001 et Passeur d'espoir en 2006. Au-delà de ces huit films, Branko Schmidt a également signé une vingtaine de documentaires.