Dolls est un excellent film de Stuart Gordon, et, à mon sens, l’un des meilleurs films avec des jouets tueurs.
Coté interprétation, on a un casting assez léger, avec peu de noms connus, en dehors peut-être de Guy Rolfe, célèbre pour ses prestations dans les Puppet Masters (décidément !). Pourtant, dotés de personnages volontairement caricaturaux (mais vraiment délicieux !), les acteurs s’en sortent vraiment bien, et livrent chacun des compositions savoureuses. Les deux retraités pas si paisibles que cela jouent à la perfection. Ils forment un couple finalement assez banal, et pourtant ils ont quelques choses d’inquiétant, qui personnellement ne m’aurait guère incité à rester. Dans le groupe des victimes, on trouve la famille Bower. Si Ian Patrick Williams et Carolyn Purdy-Gordon se débrouillent, la surprise vient de Carrie Lorraine, qui, toute jeune, offre une composition tout à fait convenable. Pour le reste, si les deux jeunes femmes sont elles aussi pas mal dans leur rôle, c’est vraiment Stephen Lee qui étonne dans la peau d’un personnage qui aurait très vite pu virer au grotesque, mais qui, finalement est attachant et agréable.
Le scénario est assez banal, puisqu’il suit une trame bien connue, avec une succession de morts violentes liées aux poupées. Pourtant, Dolls est d’une redoutable efficacité. Il est court d’abord (1 heure 15 environ), et est franchement consistant. Il y a très peu de temps morts, tout est fluide s’enchaine sans problème. Il y a énormément d’idées avec des jouets tueurs enthousiasmants, un humour noir ravageur, ce qu’il faut d’horreur, pour assurer un spectacle très divertissant. Par ailleurs la fin est une très grande réussite. La conclusion dont on ne se doute pas.
Sur la forme, Dolls offre du lourd là aussi. Stuart Gordon bénéficie pour une fois d’un budget très confortable, et cela se sent. Sa mise en scène est soignée, toute son efficacité se ressentant dans les scènes de meurtres, mais pas que. En effet sa caméra se promène avec aisance dans la maison du vieux couple, et donne vraiment de l’allure aux décors. Ceux-ci sont assez réduis, puisque le film est un huis clos, mais la maison est vraiment réussie, et voir toute ces poupées c’est très spécial. La photographie est très belle, avec un rendu velouté vraiment agréable. L’atmosphère du film est d’ailleurs un point très positif pour lui. En matière d’effets spéciaux, nous sommes en 1987, il faut donc des effets artisanaux. C’est globalement très bien maitrisé, même si évidemment il faut avoir conscience de l’âge du film. En tout cas le choix des jouets est très bon, et leur design réussi. Quant aux effets horrifiques ceux-ci sont suffisamment nombreux pour garantir un film d’horreur très plaisant. Certains sont assez douloureux, mais bien que réussis, Dolls n’est pas non plus excessif de ce point de vue. Enfin la bande son est parfaite, elle appartient surement au haut du panier des musiques de films d’horreur des années 80.
En clair, voilà une réussite quasi-totale pour Gordon, qui signe là une réalisation peut-être un peu plus lisse que Re-animator, mais d’un très haut niveau. Certes les ambitions de Dolls ne sont pas démesurées, mais le divertissement est d’excellente qualité, et on ne peut nier le talent du réalisateur pour conduire son histoire. Il mérite indéniablement un visionnage.