Film court, direct et percutant, Un homme est passé ressemble à pas mal de séries B actuelles sur le même thème, mais avec moins d’action et plus de classe. De très bons numéros d’acteurs, et une belle modernité.
Le casting est réussi quand même. Face à un Spencer Tracy tout en sobriété et en détermination, on trouve une belle galerie de « gueules » du cinéma. Lee Marvin, Ernest Borgnine, et même Robert Ryan qui joue les durs élégants entre ses comparses. Les acteurs sont solides, et les personnages bien qu’assez basiques, n’évoluant pas énormément et n’ayant pas un relief de fou sont malgré tout plutôt attrayants. Franchement je ne sais pas si Tracy méritait vraiment son prix d’interprétation à Cannes pour ce film, mais on s’amuse bien de voir ces acteurs cultes dans des rôles musclés.
Le scénario est simple et efficace. Le film distille de bons moments d’action mais sans trop en faire, l’enquête au début est intrigante, il y a de la tension, une petite note d’humour, de l’émotion, et le métrage est assez réjouissant. Son sujet, la façon dont il est traité en fait un film très moderne, qui répond à beaucoup de DTV d’action notamment ou même de films d’horreur qui se sont inspirés de ce registre. Assez réaliste, Un homme est passé se démarque du tout-venant par la maitrise de John Sturges.
Formellement le film dispose d’un cadre forcément attrayant. Désert, trou paumé, endroit miteux, Un homme est passé c’est l’Amérique profonde et inquiétante, filmé par un spécialiste des westerns et qui met ici ses compétences au service d’un western moderne en fait ! En plus c’est bien que la photographie soit en couleurs, pour profiter du spectacle je pense que là, pour le coup, c’était une relative nécessité. La bande son reste trop légère, mais enfin c’est un détail.
En conclusion Un homme est passé est un film aux allures de série B mais qu’une convergence de talents investis ont réussi à vraiment tirer vers le haut. Je ne suis pas trop d’accord avec ceux qui disent que c’est un grand film d’auteur, un chef-d’œuvre, ça tient quand même beaucoup plus du divertissement classieux, mais ce n’est pas honteux. 4.