Elsa & Fred : les secrets du tournage

Marcos Carnevale évoque ses souvenirs liés au chef d'oeuvre de Fellini : "J'avais 14 ans lorsque j'ai vu pour la première fois La Dolce Vita, dans le cinéma de mon petit village Inriville (...) de la province de Cordoba en Argentine. Tel le Toto de Cinema Paradiso, je passais mes après-midi dans la cabine de projection en rêvant de faire un film un jour, ou au moins de tourner une scène comme celle d' Anita et Marcello dans la Fontaine de Trevi. Vingt-huit années se sont écoulées et mon rêve est devenu réalité. Je suis allé à la Fontaine de Trevi avec Mon Anita et Mon Marcello pour tourner Ma Dolce Vita. C'était peut-être une question de hasard, ou de passion, mais j'ai toujours eu la certitude que cela allait se produire."

Le cinéaste a entretenu une correspondance avec Fellini. Il raconte : "Deux ans après avoir vu La Dolce Vita, j'ai trouvé par hasard l'adresse de Fellini à Rome. J'ai essayé de lui écrire des centaines de lettres que je n'ai jamais envoyées en pensant que ce dernier ne leur accorderait aucune importance. J'ai alors décidé de ne plus écrire mais de partir à sa rencontre à Rome. C'était en 1989. J'ai frappé à sa porte. Il n'y avait personne. Furieux contre le destin et contre Fellini, je lui ai raconté dans une lettre ce qui s'était passé. A ma grande surprise, de retour de mon voyage, j'avais reçu une lettre de Fellini me disant qu'il était désolé pour cet incident. Ainsi débuta notre relation épistolaire. Je ne l'ai jamais rencontré."

Ce n'est pas la première fois que La Dolce Vita est directement cité dans un film. Dans Intervista de Fellini lui-même, un film sur le monde du cinéma, l'auteur de Huit et demi projette à Marcello Mastroianni et Anita Ekberg (tous jouant leur propre rôle) la fameuse séquence de la Fontaine de Trevi. Plus récemment, Bill Murray et Scarlett Johansson regardent La Dolce Vita à la télévision dans Lost in Translation de Sofia Coppola.

Le cinéaste précise ses intentions : "Ce récit peut paraître fantastique et improbable mais il ne l'est pas. On a tous un rêve et si on s'y applique il peut devenir réalité. “Il ne s'agit que de vivre” dit un poète de mon pays “c'est ça l'histoire”. Et “ça” c'est aussi l'histoire d' Elsa & Fred. Celle d'une femme de 82 ans qui n'a jamais cessé de rêver et celle d'un homme de 77 ans qui s'était désintéressé de la vie. Il n'est jamais trop tard pour vivre, il n'est jamais trop tard pour rêver, à condition de se sentir vivant, de se rendre compte que les idées et les désirs ne vieillissent pas avec le temps. La vieillesse est un état biologique qui s'imprime dans le corps, pas dans l'âme. Picasso l'a dit, et il avait bien raison : “cela prend du temps de devenir jeune.""

Elsa y Fred est le troisième long métrage de l'Italien Marcos Carnevale, cinéaste issu de la publicité (il a signé plus de 300 spots). Scénariste pour le grand et le petit écran depuis le milieu des années 90, il a réalisé en 1996 son premier film Noche de Ronda, suivi de Almejas y mejillones en 2002.

Les deux rôles principaux sont interprétés par deux grands noms du cinéma et du théâtre hispanophones. Elsa a les traits de l'Uruguayenne China Zorrilla, née en 1922, et que les Français ont déjà pu voir en 2006 dans Conversaciones con Mama, et Fred est campé par le Madrilène Manuel Alexandre, né en 1917 et qui a tourné dans plus de 200 films. Notons la présence dans le film d'une des lauréates du Prix d'interprétation 2006 au Festival de Cannes, Blanca Portillo (la voisine Agustina dans Volver) et de José Angel Egido, un des héros des Lundis au soleil de Fernando León de Aranoa.