Laurent Chevallier a rencontré Momo Wandel Soumah en 1992 lorsqu'il préparait le film L'Enfant noir. Ils ont ensuite travaillé régulièrement ensemble, se liant d'amitié au fur et à mesure des productions.
Le réalisateur explique ce qui l'a poussé à réaliser le documentaire : "Cela faisait un moment que je pensais raconter "mon" doyen africain. Je pense que ça se voit dans le film. Par exemple à l'hôpital, où j'avais tourné pas mal de séquences qui racontaient la difficulté d'être d'un vieil artiste en Afrique. Sa mort, en juin 2003, est arrivée brutalement, trop brutalement. Il me fallait digérer ça, sécher les larmes. J'étais trop proche de lui pour démarrer ce film tout de suite. J'avais été son complice durant dix ans. Je n'étais pas son producteur ni son manager mais il voulait que tout passe par moi. Il ne signait ses contrats que si je les avais relus par exemple. Il m'appelait en rigolant "Laurent beaucoup !". Il disait qu'il me devait sa deuxième vie d'artiste, il était fier de me montrer la maison qu'il avait fait construire dans son arrière cour grâce au Circus Baobab."
Pour réaliser Momo le doyen, Laurent Chevallier a dû sélectionner des images parmi près de 40 à 50h d'archives personnelles.
Ce n'est pas la première fois que le Laurent Chevallier consacre un documentaire à un musicien africain. En 1991 il avait réalisé Djembefola sur le maître de djembé, Mamady Keïta. Par ailleurs, il avait déjà mis en scène Momo Wandel Soumah lorsque celui-ci faisait partie de la troupe Circus Baobab pour laquelle il a réalisé un film du même nom.
"Il était respecté non pas par son autorité au sens autoritaire mais par son charisme, raconte le réalisateur, son humanité, sa bonne humeur qui imprégnaient tous ses collaborateurs, les musiciens, la troupe du cirque et l'équipe du film. Quand tu connais ce genre de personnage, tu ne peux plus t'en passer ! Quand je l'ai amené à Chamonix chez mes amis médecins, idem ! Après l'opération, Momo était tellement heureux de remarcher après deux ans d'immobilité. Il ne restait jamais dans sa chambre. Il arpentait les couloirs et rendait même visite aux autres malades. Il a ainsi, dixit les docteurs, fait régner joie et la bonne humeur dans toutes les chambres de l'hôpital durant trois semaines... Ils parlaient de le garder comme psychologue adjoint !"
Aujourd'hui, c'est le groupe d'afro jazz Fölifö, composé des anciens musiciens de Momo le doyen, qui continue de porter sa musique.