Ceux qui restent marque la seconde collaboration de Vincent Lindon avec Emmanuelle Devos, deux ans après le mystérieux La Moustache.
Ceux qui restent est la première réalisation de la comédienne Anne Le Ny (elle signe également son premier scénario pour l'occasion), vue notamment aux génériques de Se souvenir des belles choses, Parlez-moi d'amour, La Petite Lili ou encore Du jour au lendemain.
La réalisatrice Anne Le Ny explique ce qui l'a amené vers l'histoire de Ceux qui restent : "De manière purement théorique, je me suis souvent demandé : qu'est-ce qui ferait qu'aujourd'hui, vue l'évolution des moeurs, une histoire d'amour comme celle-là serait toujours impossible ? (...) ...c'est la modestie de l'histoire qui me plaît le plus dans ce film : des gens mariés, ordinaires, qui vivent un quotidien ordinaire. La passion leur tombe dessus et pour eux, ça n'a rien de romantique : c'est une catastrophe qui va ravager leur vie. En voyant le film d'un ami j'ai pensé à la maladie comme réelle impossibilité morale au fait de tomber amoureux. (...) Et puis j'avais envie de parler des "dommages collatéraux", de ceux qui vivent la maladie en seconde ligne, en accompagnant quelqu'un qui souffre. Bien sûr, ce ne sont pas eux les "combattants", mais c'est une position difficile avec son lot de culpabilité, d'épuisement, de peur constante."
Anne Le Ny explique le choix de ses deux comédies principaux, Vincent Lindon et Emmanuelle Devos : "J'ai pensé assez vite à Vincent. Comme Bertrand se livre très peu, je voulais un acteur physique, avec beaucoup d'énergie et d'humanité, pour éviter que le personnage devienne trop cérébral. Par contre j'ai dû demander à Vincent de ralentir son rythme naturel. On devait voir l'usure, la fatigue du personnage. (...) À l'inverse de Vincent, Emmanuelle Devos, dans la vie, a un débit assez posé alors que Lorraine est un personnage plutôt "speed", ils ont donc été obligés tous les deux d'aller à l'encontre de leur rythme d'élocution naturel."
Le long métrage Ceux qui restent aborde de nombreux thèmes : l'amour, la mort, la maladie... La réalisatrice Anne Le Ny, n'avais donc pas la tâche facile. "Mon expérience de spectatrice m'a amenée à penser que plus on veut traiter de choses, plus on risque de rester en surface , à moins de s'appeler Shakespeare ou Orson Welles, évidemment", explique-t-elle. "Je me suis donc décidée à réduire au maximum l'angle d'attaque en prenant un certain nombre de partis pris : on ne verrait ni les malades, ni les médecins et on resterait dans les lieux les moins "médicalisés" de l'hôpital : cafétéria, point presse, parking... Et bien sûr j'ai aussi appliqué ce parti pris à la dramaturgie : je choisis le plus souvent d'être dans l'écho de la crise plutôt qu'au coeur de la crise."