Du 30 novembre au 3 décembre 1999, à Seattle, se tenait la troisième Conférence de l'OMC. Destinée à ouvrir un cycle de négociations visant à ouvrir davantage les marchés des biens, services et produits agricoles, elle constituait la plus grande conférence du commerce jamais tenue. Plus d'un millier d'ONG étaient présentes sur les lieux, organismes de défense des consommateurs, réseaux alternatifs, associations de défense de la diversité culturelle et sociale... L'ampleur des manifestations empêcha la tenue de la première journée de réunion, mais malgré le pacifisme généralement affiché, une poignée de provocateurs a suffi à déclencher l'intervention brutale des forces de police. L'état d'urgence et le couvre-feu furent même décrétés. Les images de ces évènements diffusés dans le monde entier ont spectaculairement inauguré la médiatisation de la lutte antimondialiste.
Si Stuart Townsend savait depuis longtemps qu'il voulait écrire une histoire basée sur des faits réels, l'idée de la Conférence de l'OMC à Seattle ne lui est venue qu'après avoir lue Take it personally, le livre d'Anita Roddick dans lequel elle évoque les événements. Il explique : "Je suis allé sur Internet pour trouver plus d'informations (...) Après avoir passé quatre heures à lire un nombre incalculable de pages, j'ai eu pour la première fois le sentiment d'avoir trouvé le sujet de mon film."
Le réalisateur évoque son travail de documentation : "Pendant dix-huit mois, j'ai lu tous les livres et regardé tous les documentaires qui parlaient de la mondialisation avant de commencer l'écriture de mon scénario. Le plus difficile a été de faire le tri entre les sujets (...) Le commerce étant au coeur des activités des hommes, la mondialisation est intimimement liée à tous les aspects de notre vie. C'est un sujet extrêmement vaste et le défi était pour moi d'en donner une vision globale dans un seul et unique film."
Bataille à Seattle a été tourné en 29 jours, en majeure partie à...Vancouver, au Canada! Seuls deux jours se sont réellement déroulés à Seattle. La raison? Un budget modeste. Stuart Townsend clarifie : "Nous ne pouvions pas nous permettre de bloquer un quartier ou de filmer à certains endroits. La plupart du temps, nous ne pouvions nous offrir qu'une seule rue dans laquelle nous tournions plusieurs scènes censées se dérouler à différents endroits (...) [Nous placions] des caméras sous différents angles pour donner l'impression que ce n'était jamais le même lieu."
Pendant le tournage, l'équipe a dû affronter la plus grosse averse de novembre et la plus importante tempête de neige de l'histoire de Vancouver. Stuart Townsend se souvient : "Le dernier jour de tournage a failli être annulé en raison d'un orage gigantesque qui menacait d'éclater. Nous devions encore tourner une scène sur le toit d'un parking de dix étages. (...) Nous avons décidé de faire de notre mieux en croisant les doigts. Au final tout s'est très bien passé. (...) J'ai quitté Vancouver le lendemain. Quelques heures plus tard, une tempête sans précédent s'abattait sur la ville..."