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    We Feed the World - le marché de la faim
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "We Feed the World - le marché de la faim" et de son tournage !

    La faim et les moyens

    Le cinéaste précise ses intentions : "We feed the world est un film sur la pauvreté au coeur de la richesse qui éclaire la manière dont notre nourriture est produite et répond aux questions que le problème de la faim dans le monde nous pose. Ce ne sont pas seulement des pêcheurs, des fermiers, des agronomes, des biologistes et Jean Ziegler, fonctionnaire aux Nations Unies qui sont interrogés, mais aussi un des responsables de Pioneer, le leader mondial des ventes de semences, ainsi que Peter Brabeck, le P.D.G. de Nestlé, la plus importante multinationale agro-alimentaire mondiale"

    Traçabilité d'un film

    Erwin Wagenhofer revient sur l'origine de We feed the world : "Nous tournions un film qui s'appelait Opération Figurini pour lequel nous devions filmer certaines séquences sur les marchés de Vienne. Au moment d'écrire le scénario, j'ai arpenté de long en large les marchés de la ville et je me suis demandé : " Quelle est la chose la plus intéressante dans ces marchés ? " La réponse était : les produits eux-mêmes et leur provenance ! L'idée originale était donc de faire débuter le film sur le marché le plus célèbre de Vienne, le Naschmarkt, et de regarder ce qui se passait derrière le miroir. D'où venaient donc tous les produits alimentaires qu'on y vend ? Ce qui m'importait, c'était l'idée de connexion. Prenez les tomates, par exemple... Eh bien, rien que le fait qu'elles aient voyagé pendant 3.000 kilomètres avant d'arriver jusqu'à moi me semblait curieux. Ça m'interpellait. Et c'est devenu le sujet du film, son véritable sujet.

    Deux grands témoins

    Les deux principaux intervenants du film sont Jean Ziegler et Peter Brabeck. Le premier est rapporteur spécial de la Commission des Droits de l'homme de l'ONU pour le droit à l'alimentation, mais ce sociologue est aussi depuis longtemps un poil à gratter de la société suisse : on lui doit notamment quelques ouvrages polémiques sur le système bancaire helvétique. Le second est patron de l'entreprise Nestlé. "Il m'a d'abord dit non, car il pensait que Nestlé n'était pas concerné par le sujet du film", explique Erwin Wagenhofer, qui a ensuite eu l'idée d'aller à sa rencontre, sur son lieu de travail : "J'ai donc passé un coup de fil et j'ai annoncé au représentant de Nestlé que j'arrivais le lendemain et que je voulais le rencontrer face à face. Le fait que je me déplace personnellement a été décisif." Il note d'autre part: "J'ai fait le pari qu'à un moment ou à un autre, s'il parlait suffisamment longtemps, il se retrouverait en situation de dire des choses inhabituelles. Et mon pari a réussi."

    Selon Erwin

    Le réalisateur revendique la dimension subjective de son film : "S'il y a 6 milliards d'individus sur la Terre, alors il y a 6 milliards de vérités. Chacun a sa vision des choses et c'est très bien comme ça. Je suis un fan du subjectivisme. Et j'apprécie avant tout l'authenticité (...) We feed the World parle de la manière dont je vois les choses en ce début de 21ème siècle. C'est un film totalement subjectif sur l'industrie alimentaire, l'industrie agricole, la manière dont elle est commercialisée. [Monsieur Brabeck] est de son temps : le temps du profit à tout prix ! " Capitalisme prédateur " comme Jean Ziegler le nomme."

    Le réalisateur

    Né en 1961 à Amstetten (Autriche), Erwin Wagenhofer est technicien de formation : diplômé de l'Institut viennois de Technologie TGM (Section Communication, ingénierie et électronique), il a travaillé ensuite au département vidéo de Philips-Autriche avant de devenir réalisateur, journaliste freelance et enseignant à l'Université d'Arts appliqués de Vienne. Il a signé des documentaires sur les bateliers du Danube, la ville de Vienne ou encore l'Euope 10 ans après la chute du Mur.

    Le cauchemar d'Erwin

    Le cinéaste évoque un souvenir de tournage particulièrement douloureux : "La surprise majeure, ça a été la taille de ces centres de production. Les poulaillers, par exemple : on a été dans un hangar autrichien d'élevage de taille moyenne qui peut abriter 35.000 poules, mais il y en a qui peuvent en abriter 70.000. On éprouve une sensation inévitable d'inconfort, de gêne dans un tel endroit. C'est dans ce hangar, au petit matin, lorsqu'on rassemble les poules presque totalement dans le noir pour éviter qu'elles deviennent hystériques et difficiles à attraper, que j'ai vécu le pire moment qui me soit personnellement arrivé durant le tournage. Non seulement il y avait un bruit infernal, mais pénétrer dans ce lieu où les poules avaient déféqué et uriné dans une fosse depuis 5 semaines et brusquement glisser sur une poule morte a été, pour moi, une expérience encore plus insupportable que la séquence dans le lieu dédié à l'abattage."

    People have the power

    Plutôt que mettre en cause uniquement le comportement des grandes entreprises, le réalisateur insiste sur la responsabilité des citoyens : "Il faut vivre d'une manière différente, acheter d'une manière différente... C'est pourquoi le film s'intitule " We feed the world" et non " They feed the world ". Les Brabeck, les Pioneer et tous les autres, peu importent leurs noms, partagent la responsabilité de ce qui arrive actuellement. " Nous ", comme le dit Jean Ziegler, sommes la société civile. Nous sommes consommateurs, nous allons dans les supermarchés, nous devons manger pour vivre, chacun de nous doit faire ses courses et peut les faire où il le préfère : tel est notre pouvoir ! Nous n'avons pas besoin d'avoir des tomates ni des fraises à Noël. Nous n'avons pas besoin qu'on leur fasse parcourir 3,000 kilomètres jusqu'à nous. Nous n'avons pas besoin que nos animaux d'élevage mangent les forêts primitives humides du Brésil et de l'Amérique du Sud. Et si ce n'est pas nous qui agissons, qui agira à notre place ?"

    Altercinéma

    Le travail, la souffrance sociale, la mondialisation sont au coeur de nombreux documentaires sortis en salles depuis 2004. Les spectateurs ont ainsi pu voir un film sur la situation écologique et économique en Tanzanie (Le Cauchemar de Darwin de Hubert Sauper), les mutations à l'oeuvre dans l'industrie viticole (Mondovino de Jonathan Nossiter), la dette qui étrangle le Mali (Djourou une corde à ton cou d'Olivier Zuchuat), une occupation d'usine à Buenos Aires (The Take de Avi Lewis et Naomi Klein, l'auteur de No logo), les individus malades de leur travail (Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés de Marc-Antoine Roudil et Sophie Bruneau), les violations des droits de l'homme dans le monde (Seeing is believing de Peter Wintonik) et Katerina Cizek, les revendications des Zapatistes (La Fragile armada de Jacques Kebadian et Joani Hocquenghem), le récit d'une grève en Caroline du Nord (Daddy daddy USA de Pierre Hodgson), la réorganisation du travail sur les chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire (Un monde moderne de Sabrina Malek et Arnaud Soulier), les mouvements citoyens d'opposition à la marchandisation (La Carotte et le bâton de Stéphane Arnoux), ou encore la mondialisation vue par un chef d'entreprise (Ma mondialisation de Gilles Perret)

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