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    Ce que mes yeux ont vu
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Ce que mes yeux ont vu" et de son tournage !

    Genèse du projet

    Le réalisateur Laurent de Bartillat a eu l'idée du film pendant ses études d'histoire de l'art en étudiant l'iconographie. C'est là qu'il a ressenti le potentiel à la fois graphique et cinématographique de l'enquête sur une peinture... " En histoire de l'art, explique-t-il, on prend un détail et on essaie de comprendre non seulement pourquoi le peintre a placé un motif dans l'image, mais aussi qu'est-ce que cela raconte sur lui. Et plus on avance dans l'étude, plus on est happé à l'intérieur du tableau. Comme dans une enquête policière, on traite tout sous forme d'indices, de traces, de correspondances, de recoupements. On essaye de faire parler les détails exactement comme un enquêteur qui tente de faire parler les objets dans la chambre d'une victime. "

    Le peintre Watteau vu par le réalisateur Laurent de Bartillat

    Pour Laurent de Bartillat, Watteau est "le peintre du mystère par excellence". "Il était étrange et sauvage, on ne sait pas grand chose de lui, raconte le réalisateur. Il a cherché à cacher sa vie, à dissimuler ses intentions de peintre. Il disparaissait par moments dans des ateliers secrets disséminés dans Paris. Lui aussi a fait l'objet de milliers d'interprétations souvent contradictoires. Mais, ce qui m'intéressait, c'était d'utiliser la peinture comme une clef donnant accès à une autre réalité."

    La figure du miroir

    La structure narrative du film a été construite selon la figure du miroir où chaque être et chaque chose se reflètent dans celui qui le regarde, dans un jeu à plusieurs personnages vivants ou morts. "Dans le film, les toiles de Watteau sont une sorte de sas qui conduit vers des zones où tout se met en correspondance selon une logique particulière qui échappe à notre perception normale des choses, confie Laurent de Bartillat. Vincent n'existe pour Lucie que parce qu'elle est elle-même habitée par le fantôme de son père, alpiniste, mort en haut du K2. Lucie, Vincent, Dussart, Watteau, Charlotte Desmares, tous entrent en contact les uns avec les autres parce qu'ils ont des univers et des secrets communs qui entrent en résonance, au-delà des limites du temps. Je voulais essayer de faire ressentir en quoi la peinture dialogue avec ce qu'il y a en nous de plus mystérieux."

    Un énorme travail de documentation

    Laurent de Bartillat et son équipe ont reconstitué entièrement l'enquête de Lucie dans les moindres détails graphiques et iconographiques. Cela a demandé 6 mois de recherche en amont de la préparation avec des chercheurs, restaurateurs, photographes, graphistes, peintres, décorateurs pour aboutir à ce résultat. "Nous avons collecté des images dans les musées du monde entier, ce qui a demandé pas mal de patience, confie le réalisateur. Des centaines de documents, dessins, peintures, planches de théâtre, dossiers scientifiques, rayons x, thèses concernant le XVIIIème siècle ont été passés en revue afin de repérer les indices qui devaient jalonner le parcours de Lucie. Nous avons enquêté sur le quartier de l'Ancienne Comédie à Paris à partir du plan de Turgot et des gravures d'époque pour reconstituer son parcours dans la ville. La plupart des éléments architecturaux ont ensuite été réinsérés par ordinateur dans les toiles qu'elle consulte dans sa recherche. Nous avons enquêté sur la comédienne Charlotte Desmares à l'aide de catalogues d'expositions, gravures, textes d'époque, livrets, planches de décors afin de repérer sa présence dans les toiles de Watteau. Il a fallu enfin redonner vie à l'orangerie disparue de Montmorency, visible dans la peinture "La Perspective" et recréer les "Lions muselés par l'amour" qui avaient été détruits. Nous avons bénéficié pour le travail sur les peintures de Watteau de l'aide précieuse de Pierre Rosemberg. Tout ce travail s'est fait également avec le soutien de la RMN, de Bridgman Girodon et du C2RMF."

    Le déroulement du tournage

    Laurent de Bartillat avait beaucoup d'intentions visuelles en début de tournage, un découpage très recherché sur de nombreuses séquences. Malheureusement, il s'est vite heurté à des contraintes de temps et il lui a fallu trouver un dispositif visuel plus simple.

    "Heureusement, se souvient-il, j'ai eu une équipe très rapide, très réactive. L'équipe déco a fait souvent des miracles avec rien. Je voulais tourner le film en 35 pour l'alchimie du grain et de la pellicule. On a réfléchi très en amont avec Jean-Marc Selva, le chef op. Je voulais peu de profondeur de champs, qu'on ait l'impression constante que les personnages sont environnés d'une sorte de matière invisible, une sorte de sfumato. On a donc travaillé souvent en longue focale et à pleine ouverture. Il y a peu de plans larges dans le film. Le peu que j'ai tourné est parti au montage. Je pense que c'est un film basé sur l'oeil, la focalisation, le fait d'aller fouiller l'image. A chaque fois que je défocalisais, j'avais l'impression de ne plus être dedans, de perdre quelque chose. Et puis il fallait accrocher Lucie et pasla lâcher, la suivre dans cette solitude acharnée qu'elle trimballe. C'est ce qui donne un rythme assez heurté, de nombreux plans à l'épaule. En fait, je me rends compte que j'ai plutôt tourné contre la peinture. Je n'ai jamais cherché, par la couleur ou par le cadre à m'en rapprocher. Je crois que j'avais assez peur d'imprimer au film un côté filmage d'icône qui ne correspondait pas à ce que je voulais raconter."

    James Thiérrée parle la langue des signes

    Pour les besoins de son personnage, James Thiérrée a suivi un apprentissage de la langue des signes avec un professeur sourd et malentendant. "Comme on peut le voir dans ses spectacles, il est très doué pour tout ce qui est gestuel, raconte Laurent de Bartillat. Ca a été assez rapide. Nous avons également travaillé sur la manière particulière pour quelqu'un qui n'entend pas de se placer dans l'espace, de mouvoir ses yeux et son corps. Je voulais un personnage qui n'ait rien à voir avec Jean-Louis Barreau et la figure du clown céleste un peu poétique. Nous avons pas mal cherché pour trouver le maquillage, le costume, les attitudes. L'idée était de faire de Vincent un type paumé, autiste qui vit dans une bulle où il est protégé des autres."

    Présenté au Festival de Rome

    Ce que mes yeux ont vu a été présenté en Compétition officielle au Festival de Rome 2007.

    Initialement intitulé "La Fortune"

    Ce que mes yeux ont vu s'est d'abord intitulé La Fortune.

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