La Promesse d’une île est un film qui semble faire l’unanimité contre lui, presse et public enfin réunis de concert !
Bon, honnêtement je vois l’ambition du projet, elle est patente, mais le souci c’est que Houellebecq n’a pas forcément le talent de réalisateur qu’il peut avoir comme écrivain. Et là c’est frappant.
L’histoire aurait pu être intéressante, mais Houellebecq fait n’importe quoi avec. Rythme d’une lenteur assez stupéfiante (on a du mal à croire que ce film dure 85 minutes, générique compris), dialogues insipides (avec idée de sous-titrage encore plus gonflante car elle nécessite d’être encore éveillé à ce moment, et ce n’est pas gagné !), et surtout comment faire tenir dans un espace de 85 minutes un livre de 450 pages particulièrement complexe ? Non, force est de constater que La Possibilité d’une île ressemble à une sorte d’essai inabouti auquel, peut-être, le manque de budget a été d’autant plus préjudiciable. Mais enfin, Houellebecq n’est visiblement pas un scénariste, c’est évident. A noter aussi que la première partie, malgré ses lacunes reste bien meilleure que la dernière qui devient franchement absconse.
Le casting sur le papier est assez riche et varié. En vérité les numéros d’acteurs n’ont guère de consistance. Benoît Magimel est transparent, comme trop souvent malheureusement, et la présence de Patrick Bauchau est en fait la seule surprise vraiment sympathique du film. Ramata Koite a une présence, mais elle se limite à cela, et des acteurs comme Jean-Pierre Malo ou Arielle Dombasle ne font que de la figuration. Non, en fait les personnages sont inconsistants et les interprètes ne sont pas assez marquants pour sauver ce qui peut l’être. Hormis Bauchau, rien de notable.
Formellement le film de Houellebecq oscille entre quasi-amateurisme et idée plus intéressantes mais mal exploitées. La preuve en est que la dernière partie bien plus ambitieuse visuellement est simplement moins bonne sur le fond. Le budget n’était pas très élevé pour un film de SF assez ambitieux, mais cela n’excuse sans doute pas une première partie qui fait franchement miteuse, tant au niveau des décors que de la photographie que de la mise en scène statique. Houellebecq, néanmoins, sauve quelques plans et parvient, parfois, au fur et à mesure que son film avance, à sauver quelques scènes. A souligner, dans les rares bons points du métrage la bande son planante et onirique qui aide à l’instauration d’un climat quelquefois attrayant.
Mais enfin, La Possibilité d’une île pourrait être un bijou visuel que le rythme absolument statique enfoncerait de façon quasi-irrémédiable. On frôle un peu le film amateur fait avec de la débrouille, beaucoup de débrouille, mais qui n’a pas abouti à la réussite escompté. 1.5 pour Bauchau, la bande son, quelques ambitions et une deuxième partie pas forcément vilaine.