Ca y est, Houellebecq a réalisé son rêve : faire son long-métrage à lui, adapté de lui, pour nous offrir sa vision à lui de son œuvre à lui. Ouf, on respire pour lui, mais pas vraiment pour nous... sauf à être assuré qu'il n'y aura plus d'autres tentatives.
Réalisés par de vrais cinéastes, les adaptations des ses bouquins s'en tiraient pas trop mal (Extension, Atomised). Mais Michel derrière la caméra, aie aie aie, Berezina ! Cet admirateur de Kurosama, Dreyer et Eisenstein a visiblement mal assimilé ses Dieux ; mal filmé, mal monté, mal raconté, casting douteux et surenchère musicale, "La possibilité d'une île" a ce côté touchant des gros nanars qui "tentent quelque chose" et se vautrent dans le burlesque involontaire, même si le scénario distille quelques pointes d'humour qui font plutôt plouf.
Ce qui prime, c'est surtout le sérieux indécrottable de son auteur, qui continue de croire dur comme fer en ses fantasmes ronflants d'immortalité du néo-humain (à quoi bon cloner un cadavre ambulant, on se demande...). Du coup, son film ne se départit pas de son petit prosélytisme sournois. C'est l'erreur ultime de faire un film de SF, qui au lieu de *montrer* veut expliquer et imposer.
Dommage à vrai dire, le livre avait une vraie matière romanesque, que Houellebecq jette aux oubliettes pour se concentrer sur la partie théorique et, HUM !, "SF et anticipation", dont il tire d'ailleurs une vraie/fausse adaptation très, trop allégée.
Je mets quand même une étoile pour la curiosité de ce petit bidule plutôt trognon bricolé avec deux bouts de bois et de la ficelle, et financé on ne préfère pas trop savoir comment...