Mes amis mes amours, paru le 3 juillet 2006, est le titre du sixième roman de l'auteur Marc Lévy. Entré toute de suite en tête de classement des listes des meilleures ventes en France, avec 400 000 exemplaires vendus en 2 semaines, Mes amis, mes amours est la troisième adaptation de l'un de ses ouvrages, après Et si c'était vrai... en 2005, qui réunissait à l'écran Reese Witherspoon et Mark Ruffalo, la mini-série Où es-tu ?, mettant en scène Cristiana Reali.
Pour Mes amis, mes amours, la réalisatrice Lorraine Levy a travaillé sur le roman de son frère, l'auteur Marc Lévy. Elle s'explique: "Il se trouve que de tous les livres de Marc Levy, celui-là est mon préféré. J'ai eu un coup de coeur instantané quand il m'en a fait lire les épreuves. Il y avait dans ce roman choral une tendresse, une humanité, une grâce... Ça me faisait penser aux Chroniques de San Francisco d'Armistead Maupin. Quand, longtemps après, Dominique Farrugia et Marc m'ont proposé d'en faire l'adaptation, j'ai trouvé ça joyeux". Avec tout de même quelques appréhensions: "J'avais peur de le décevoir, qu'il se sente trahi artistiquement. D'autant que je savais très bien qu'il fallait se démarquer du livre. "Mes amis, mes amours" est un livre choral et je ne voulais pas d'un film choral. Donc il fallait trouver un point de vue cinématographique pour l'adaptation. Or avoir un point de vue, c'est déjà trahir le livre. Marc m'a laissée très libre. C'était comme un deal tacite entre nous. Au départ, il y avait un scénario inachevé, écrit par Marc et Philippe Guez (son ami et producteur associé du film). J'ai choisi de repartir du livre parce que c'était plus simple pour moi. À partir du moment où Marc a aimé ma première version du scénario, il n'a pas mis son nez dans les versions qui ont logiquement suivi. Il a été confiant. Il est venu sur le tournage à Londres, en voisin. Il a gardé une distance très respectueuse, peut-être justement parce que c'est mon frère et qu'il ne voulait pas empiéter sur mon territoire. Il a été très délicat. Quand je lui ai montré les rushes, il a été heureux. Je crois qu'il est content du résultat".
Dans cette histoire d'amitié masculine, la réalisatrice Lorraine Levy savait dès le départ qui interpréterait le personnage de Mathias: "Dès l'écriture, j'ai pensé à Vincent Lindon, qui était déjà en lien avec cette histoire et ce projet, - l'idée d'en faire un film existait depuis plusieurs années. J'avais la conviction profonde et ardente que personne d'autre que Vincent ne pouvait jouer Mathias. La seconde figure qui s'est imposée à moi tout de suite est celle de Bernadette Lafont. Je me suis nourrie de l'image de Bernadette pour nourrir le personnage d'Yvonne, qui est plus fantasque dans le film que dans le livre. Quand elle a dit oui, j'ai été très soulagée". Concernant le comédien Vincent Lindon, la lecture de l'adaptation du roman a confirmé le choix de l'acteur, comme le raconte Lorraine Levy: "Vincent avait envie de faire le film. Mais Vincent n'est pas quelqu'un qui s'arrête au fait d'avoir dit oui. Il se remet toujours en question. Il remet toujours l'autre en question. De sorte que c'est une matière mouvante et très émouvante. Le travail est permanent et sans arrêt à recommencer. Vincent, c'est un cheval sauvage. Il me fait beaucoup penser à Montgomery Clift. C'est quelqu'un qui se met constamment en danger. Il est extrêmement courageux, tout le temps en mouvement. C'est aussi quelqu'un qui demande à l'autre une énergie féroce. C'est un acteur magnifique".
La réalisatrice Lorraine Levy a pu constater à quel point il était difficile d'effectuer un tournage à Londres: "On m'avait prévenue et on ne m'avait pas menti. À Paris, une fois que l'on a les autorisations administratives, tout se met en place. Tandis qu'à Londres c'est "La Reine a dit : j'autorise sous réserve que ça ne dérange pas les riverains." Donc quand vous voulez tourner dans une rue habitée par 345 personnes, elles doivent toutes être d'accord ! S'il y en a une qui ne l'est pas, on remballe. Heureusement j'avais une équipe anglaise et des régisseurs remarquables, qui ont fait un travail extraordinaire pour que toute cette logistique pèse le moins possible sur l'artistique. J'ai voulu filmer Londres comme j'aurais filmé New York. J'ai eu envie de montrer autre chose que le Londres des cartes postales. Ce n'est pas une ville que je connais aussi bien que Paris, mais dans mes déambulations, j'ai recherché des ambiances qui soient très graphiques. Parce que je voulais que le film soit très graphique. La composition de l'image, du cadre, le travail artistique en général a été le fruit d'une vraie cohérence, d'un vrai travail commun entre la photographie, les décors, les costumes, le maquillage... Tout cela a été fait dans l'optique rigoureuse de donner au film une vraie couleur graphique, identifiable".
Pascal Elbé, comédien et scénariste (Père et fils, 3 Amis), avoue avoir été influencé par son expérience de l'écriture avant d'accepter le rôle d'Antoine: "Quand vous êtes scénariste, vous repérez tout de suite les failles d'un scénario et vous voyez tout de suite à quel point l'acteur que vous êtes va peut-être souffrir sur le plateau s'il y a des carences dans la psychologie ou dans le personnage. Aujourd'hui, l'auteur est un peu plus à l'écoute de l'acteur : même si l'histoire est formidable, si c'est un personnage que j'ai déjà incarné, je vais botter en touche et je ne vais pas le faire. Mais quand ça me plait, une fois que j'ai signé, je suis un vrai petit soldat, j'exécute à la virgule près, au mot près, et je ne n'interviens plus jamais. Le plaisir, c'est de s'alléger et d'être juste acteur. Et c'est un grand bonheur".
Pour la réalisatrice Lorraine Levy, le personnage incarné par Virginie Ledoyen, Audrey, était très difficile à jouer: "Je lui ai demandé tout et son contraire. Je lui ai demandé d'incarner le paradoxe féminin ! Je voulais qu'elle soit à la fois cette image idéalisée, glamour, hollywoodienne... - on a beaucoup travaillé sur Audrey Hepburn - et en même temps, qu'elle soit une femme de proximité, d'aujourd'hui. Je trouve que Virginie a relevé ce défi avec panache". Virginie Ledoyen aquiesce: "Pour pouvoir le faire il fallait être un mélange de glamour et de légèreté, mais aussi être très incarné au point de ne pas être juste une sorte d'ectoplasme. Il ne fallait pas perdre de vue ce qui était en train de se jouer entre Audrey et Mathias. Sans passer par la gravité. Plus les scènes étaient, entre guillemets, lourdes de sens, plus on allait vers l'opposé, par des rires, des choses plus légères. Est−ce que le costume aide à entrer dans la peau d'un personnage qui est à la fois un paradoxe féminin et un archétype de comédie romantique? Je sais qu'il y a plein de gens qui disent que l'habit ne fait pas le moine, mais il y contribue beaucoup. Je m'en sers tout le temps. Ça raconte quelque chose. Ici le costume permet d'inscrire le film dans son genre, la comédie romantique. J'ai d'ailleurs revu Diamants sur canapé parce que Lorraine m'en avait parlé - de toutes les façons, j'en avais envie parce que j'adore ce film. Je ne me réclame pas pour autant d'Audrey Hepburn, je n'oserais même pas, mais ça me permettait de savoir ou Lorraine voulait en venir avec ce personnage un peu glamour, intemporel et jamais nunuche".