Concernant "l'heure zéro", le premier mot qui vient à l'esprit est : réjouissant. Tiré d'un roman peu connu d'Agatha Christie, c'est un film très britannique réalisé en Bretagne par un français. On y retrouve tout ce qui fait le charme de la romancière britannique, en particulier le soin que le spectateur, comme le lecteur, doit attacher au moindre détail : chacun, ou presque, aura son importance à un moment ou à un autre. Au début du film, on nous explique qu'il est fâcheux que la plupart des romans policiers commencent par le crime, alors que ce qui est important c'est tout ce qui se passe avant. Gagné ! Le meurtre, ici, n'intervient qu'au bout d'une heure. Dans ces conditions, difficile d'en dire plus sur l'intrigue : il ne faut pas faire perdre ne serait-ce qu'une partie de son plaisir aux spectateurs. Ce qu'on peut dire, par contre, c'est que la distribution est excellente. Dans cette troupe, on a le droit d'avoir ses préférences : Danielle Darrieux, extraordinaire en vieille "lady" presque indigne; François Morel, plus morellien que nature en inspecteur de police malicieux et perspicace; Alessandra Martines, en secrétaire qui prend conscience qu'elle a perdu sa vie en la gagnant; Jacques Sereys, en procureur retraité, malade du coeur aux 2 sens du terme, mais toujours charmeur. On ne regrettera qu'une chose : le rôle joué par Laura Smet est un peu trop outré. L'actrice n' y est pour rien; au contraire, elle le fait plutôt bien, mais le film aurait encore gagné en épaisseur si on avait exigé d'elle un peu plus de sobriété dans la vulgarité.