Tehilim est présenté en sélection officielle, en compétition, au 60e Festival de Cannes en 2007. Le cinéaste était déjà venu sur la Croisette pour son premier film, The Shade (projeté dans la section Un certain Regard en 1999) et Apartment # 5 C, sélectionné par la Quinzaine des Réalisateurs en 2002.
Tehilim est le deuxième film consécutif réalisé par Raphaël Nadjari en Israël après Avanim. Auparavant, ce Marseillais d'origine avait tourné aux Etats-Unis. Comment Tehilim s'inscrit-il dans ce parcours singulier ? "Chacun de ces films est une rencontre avec une communauté,avec une expérience différente", explique le cinéaste. "Dans mes films new-yorkais, The Shade , I am Josh Polonski's brother, j'ai travaillé sur des familles juives d'Europe de l'Est, puis dans Apartment # 5 C sur des expatriés israéliens aux États- Unis. Avanim, mon premier film israélien, est centré sur des Juifs moyen-orientaux, et Tehilim sur une communauté ashkénaze, plus européenne. Au delà d'une thématique récurrente, je cherche l'universel au travers du particulier, un mouvement de vie au delà des identités."
Le cinéaste présente Tehilim comme une réflexion sur le judaïsme. "(...) je cherche à comprendre spontanément la dimension composite et dialectique du judaïsme, au-delà de ses appartenances communautaires (...) je ne m'intéresse pas seulement à l'origine ethnique de mes personnages, mais aussi au type de judaïsme qu'ils pratiquent : celui de l'orthodoxie moderne d'Israël qui oscille entre une tradition puissante et son inscription dans le monde moderne." Il ajoute, plus généralement : "Le judaïsme n'est pas une solution, c'est un environnement de questions qui exigent plus qu'un engagement. Il exige l'intelligence au-delà du fait religieux. C'est un paradoxe, et ce paradoxe est son essence."
Alors qu'Avanim avait pour cadre Tel-Aviv, Raphaël Nadjari a souhaité tourner ce film à Jérusalem. Il justifie ce choix : "A Tel-Aviv, on cherche à vivre le moment présent alors que l'inscription architecturale dans la montagne de Jérusalem cherche symboliquement l'éternité. A Tel-Aviv, les problématiques sont modernes, alors que Jérusalem pose des questions plus intemporelles. Ce balancement entre les lieux est une topographie d'Israël aujourd'hui : un équilibre fragile. Je voulais voir Jérusalem comme un lieu intime, pas seulement comme un lieu de grandeur et de tourment. Et c'est dans l'univers familial que j'ai essayé de retrouver le sens de la fraternité de cette ville."
Le mot Tehilim signifie "psaumes". Cet ensemble de textes attribués au Roi David, qui accompagnent les Juifs au quotidien, est au coeur de la liturgie judaïque.
Le processus d'élaboration de Tehilim est original : après trois années passées à écrire une histoire-cadre" (avec le co-scénariste Vincent Poymiro), Nadjari n'a cessé de faire évolué son scénario, y compris pendant le tournage. : "(...). Avec Sean Foley, le monteur, nous travaillions en parallèle pour évaluer les directions du film au fur et à mesure de sa réalisation. Cette écriture "en train de se faire", qui s'est achevée en fait seulement au moment du montage son, a donné au matériel scénaristique une dimension ouverte et fragile. Lorsque nous avons enregistré à Tel Aviv la musique de Nathaniel Mechaly, nous avons " découvert " le film, toutes ses couches narratives, son véritable sens. Lorsque les acteurs entraient sur le plateau, ils n'arrivaient pas toujours à accepter que tout change en permanence. Nous nous sommes laissés emporter par chaque scène, dans une vraie relation au récit, créant un matériel composite, comme une pensée qui se recompose, une pensée en mouvement."
Le cinéaste et son chef-opérateur ont mis au point une technique particulière pour obtenir une belle image en dépit du petit budget. "Nous devions travailler en vidéo mais l'histoire demandait un traitement chaleureux que la vidéo HD ne permet pas encore", se souvient Nadjari. "Nous avons décidé donc de travailler avec des optiques traditionnelles que nous avons fait monter sur la caméra H.D : la vidéo ne devenant qu'un format intermédiaire entre l'optique et le film final. Grâce à cette méthode, on retrouve l'essence de la prise de vue traditionnelle et on oublie la froideur des capteurs vidéo."
Initialement, le film avait un titre plus long : Tehilim pour David Frankel.