Le réalisateur Denys Arcand explique que c'est au sortir de l'intense promotion des Invasions barbares que l'idée de L'Age des ténèbres lui est venue à l'esprit : "Grâce au succès des Invasions barbares, j'ai passé un an à faire le tour du monde pour me faire interviewer. Ça a duré un an entre Cannes et les Oscars l'année suivante. Au bout de trois mois, je me disais : "Est-ce qu'il y a quelqu'un qui aimerait être à ma place ?" Et je me suis mis à imaginer un type qui n'est jamais apparu à la télévision, personne ne lui a jamais tendu un micro. Il rêve d'être interviewé, il rêve de rencontrer des stars de cinéma, et de donner son avis sur l'état de la société."
Avec la comédie satirique L'Age des ténèbres, Denys Arcand clôt la trilogie entamée par Le Déclin de l'empire américain (1986) et poursuivie par Les Invasions barbares (2003). Le cinéaste, sur le terme de ce cycle : "Moi, j'ai l'impression qu'on s'en va vers une sorte de nouveau Moyen Âge. C'est une thématique que j'avais envie de développer parce que le Moyen Âge, c'est quoi ? C'est la guerre contre les musulmans, les infidèles, les croisades...On y est, là. C'est aussi le désir que les femmes ont d'être soudainement inaccessibles, et de se faire dire des poèmes."
Marc Labreche, qui joue le premier rôle de L'Age des ténèbres est un acteur très populaire au Québec. Il a joué dans une vingtaine de productions théâtrales et a été tête d'affiche de deux comédies musicales, Gala et Pied-de-Poule. En plus de son travail au théâtre, il a joué dans une dizaine de longs métrages, ainsi qu'à la télévision, où il fut l'une des vedettes de La Petite Vie, émission considérée comme le plus grand succès de la télévision québécoise. Il a également animé un bulletin de nouvelles satyriques, un talk-show de fin de soirée. Il incarne enfin trois personnages différents dans un pastiche des soaps américains.
Si L'Age des ténèbres bénéficie essentiellement d'une distribution québecoise, il accueille dans ses rangs deux actrices européennes célèbres : l'Allemande Diane Kruger et la Française Emma de Caunes.
Comme dans la plupart de ses films, Denys Arcand livre une peinture acerbe de notre société. Il évoque son rôle : "Ce n'est pas que j'ai rien à dire sur la société, mais je raconte une histoire. Cette histoire a des côtés symboliques, certes, mais ce n'est pas un film à message. Je serais incapable de faire une tragédie d'un bout à l'autre, et je serais incapable de faire juste une comédie. Mes films oscillent toujours entre le comique, le grotesque, le tragique, le mélo... C'est pour ça que je fais des films et que je ne suis pas un militant politique, parce que j'ai tendance à voir des avantages à la position adverse."
Pour L'Age des ténèbres, Denys Arcand s'est entouré de l'équipe technique avec laquelle il avait travaillé sur Les Invasions barbares, du directeur photo (Guy Dufaux) à la monteuse (Isabelle Dedieu) en passant par le chef décorateur (François Seguin) et la productrice (Denise Robert).
L'Age des ténèbres a été présenté en clôture, hors compétition, du 60 Festival de Cannes, en 2007. Denys Arcand revenait sur la Croisette quatre ans après y avoir présenté Les Invasions barbares en compétition. Le film avait remporté le Prix du Meilleur scénario et le Prix d'interprétation féminin pour Marie-Josée Croze. Le cinéaste avait également présenté à Cannes Le Déclin de l'empire américain (Prix FIPRESCI en 1986) et Jesus de Montreal (Prix du Jury et Prix Oecuménique en 1989).
L'Age des ténèbres a été remonté suite à sa projection cannoise. Pour sa sortie en salles, le long métrage a été amputé de cinq minutes, coupe effectuée au sein de la partie se déroulant au Moyen-Age.
L'auteur-compositeur-interprète canadien Rufus Wainwright incarne l'élégant Prince charmant de L'Age des ténèbres. Considéré comme l'un des plus talentueux artistes de sa génération, il a grandi immergé dans la création musicale. Premier artiste à avoir été signé par le label DreamWorks, il délivre une impresionnante musique pop, baroque et lyrique. Il a sorti cinq albums, Rufus Wainwright (1999), Poses (2001), Want one (2004), Want two (2005) et Release the stars (2007). Sur grand écran, Rufus Wainwright est apparu aux génériques de Aviator de Martin Scorsese et de Heights de Chris Terrio. Il a participé aux bandes originales de longs métrages tels que Moulin Rouge, Sam je suis Sam ou encore Le Secret de Brokeback Mountain.