"Emir [Kusturica] n'est pas quelqu'un de facile à apprivoiser et j'ai mis du temps à comprendre l'homme", raconte Guillaume Canet. "Il a un charisme extraordinaire et il y a des choses qui m'ont surpris dans sa nonchalance sur le plateau mais qui, au final, ont servi son personnage à 100%. J'ai été épaté par sa présence à l'écran."
"C'est un type brillant qui, sans être un arriviste, a envie de réussir sa vie professionnelle. La responsabilité qu'on lui confie au départ va jouer comme un déclencheur pour lui car il se rend compte qu'il y a là un énorme enjeu", explique Guillaume Canet.
"Le film évoque très bien le cynisme et la cruauté des services secrets américains qui n'ont pas hésité à sacrifier Grigoriev parce qu'ils avaient besoin d'une victime [...] C'était un témoin gênant", explique Emir Kusturica. "Cela est très révélateur de l'attitude froidement fonctionnelle des services secrets occidentaux."
"Contrairement à la plupart des thrillers et des films d'espionnage, il y avait dans le scénario une dimension humaine et une spiritualité qui m'ont touché. C'est très rare qu'on vous propose un thriller qui attache autant d'importance à la part individuelle de l'être humain."
Le rôle de Grigoriev aurait du être tenu par le réalisateur Nikita Mikhalkov, avant que celui-ci ne soit obligé de quitter le projet pour tourner son nouveau film. Et c'est là que, après qu'un acteur russe ait été envisagé, est intervenu Emir Kusturica, que le producteur Christophe Rossignon a mis moins de 15 jours à convaincre.
C'est dans une usine désaffectée d'Ivry-sur-Seine que l'équipe du film a reconstruit le bureau Ovale en grandeur nature.
Si l'action de L'Affaire Farewell se déroule essentiellement à Moscou, le film a été tourné en Ukraine (à Kiev et Kharkov) pour la partie estivale, et en Finlande (à Helsinki) pour l'hiver.
Si le cinéma français ne représente presque jamais des hommes politiques ayant existé (surtout lorsqu'ils sont encore présents dans la mémoire collective), le fait de pouvoir mettre Mitterrand et Reagan en scène fait partie des raisons qui ont motivé Christian Carion à prendre part au projet, avec un modèle en tête : "J'admire le cinéma anglo-saxon qui n'hésite pas à réaliser des films ancrés, sans faux-semblants, dans leur monde politique."
C'est parce que Farewell avait été en poste à Paris à la fin des années 60, et qu'il appréciait la culture française, que Christian Carion a eu l'idée d'en faire un passionné de poésie et de Léo Ferré.
S'inspirant librement des faits connus ou supposés, pour bâtir le récit de L'Affaire Farewell autour des points de vue, Christian Carion cite un autre film construit autour de cette notion : L'Homme qui tua Liberty Valance de John Ford.
Dès que le bruit d'un projet de film sur L'Affaire Farewell a commencé à circuler, Christian Carion a vu de nombreuses personnes l'approcher pour lui faire part de leur témoignage, sous couvert d'anonymat.
Lorsque le scénario, centré sur toutes les péripéties de l'affaire, lui a été proposé par le producteur délégué Christophe Rossignon, Christian Carion a choisi de mettre la politique au coeur du récit, pour ainsi étoffer le rôle des hommes d'Etat, qui sont ainsi devenus des personnages à part entière.
L'Affaire Farewell relate des faits survenus en 1983, soit au beau milieu de la Guerre Froide, lorsque qu'un colonel du KGB a fourni des informations capitales à François Mitterrand, qui gagne ainsi la confiance de Ronald Reagan. Décrit par ce dernier comme "une des plus grandes affaires d'espionnage du XXème siècle", l'événement a contribué à affaiblir l'Empire soviétique et, à long terme, à mettre fin au conflit.
L'Affaire Farewell est le troisième long métrage réalisé par Christian Carion, après Une hirondelle a fait le printemps (2002) et Joyeux Noël (2005), où il dirigeait déjà Guillaume Canet.