Rodolphe Marconi raconte un week-end particulier avec Karl Lagerfeld : "Il y a (...) les moments de solitude, le week-end bien souvent, où, quand je m'introduis dans son immense bureau situé au 1er étage de son hôtel particulier, lui demandant s'il n'en a pas marre de rester seul, il dit :- Les meilleurs week-ends sont ceux où je n'ouvre pas la bouche- Ah Bon ?Alors je m'apprête à repartir.- Non, mais vous pouvez rester si vous voulez...Alors je reste et je filme sans rien dire...Au bout d'une heure, ça le démange :- Vous n'avez rien à me dire ?- Non, Karl, je filme- Vous connaissez cette histoire de...Et c'est parti pour une heure de conversation intime, personnelle et drôle."
Karl Lagerfeld a laissé Rodolphe Marconi le suivre partout, que ce soit dans son atelier de travail à sa salle de bain, en passant par ses dîners avec les nombreuses célébrités que le couturier côtoie. Mais surtout, il a pu filmer, chose rarissime, l'homme qui se cache derrière les lunettes... sans ses lunettes.
Selon Rodolphe Marconi, il n'existe aucun document biographique sur la figure de proue et force motrice de la maison Chanel. Tout en voulant fournir un portrait de référence, il n'a cependant pas adopté l'attitude d'un documentariste: "Mon approche est celle d'un film de fiction au cinéma, c'est-à-dire avec un acteur principal qui a décidé d'ouvrir ses portes, de faire confiance et d'obtenir la même confiance en retour, de se laisser accompagner le temps d'une parenthèse, à un moment où, conscient qu'il n'est pas éternel, il semble prêt à se livrer. Ce film est un échange entre deux personnes qui ont décidé de se choisir, de se " caster mutuellement ". Karl Lagerfeld écrit ses mémoires depuis des années mais les gardera secrètes de son vivant. Aucune biographie n'a encore été autorisée. C'est un choix réciproque et instinctif (je n'avais jamais envisagé de mon côté la réalisation d'un documentaire) qui créé une histoire, une intrigue de cinéma."
Rodolphe Marconi a choisi chacun de ses supports de tournage en fonction des lieux et des situations: "Je souhaite percer le mystère, mais avec respect et discrétion : l'équipe est réduite au minimum et je cadre seul, sur trois supports différents :- Une caméra DVX pour les moments " délicats et mouvementés ", tels les préparations de défilés, essayages, fêtes, dîners, les promenades solitaires du samedi après midi.- Une caméra Super 16 pour les week-ends à Biarritz ou à Paris dans son appartement parisien ainsi que tous ses moments de solitude et de travail de recherche (Karl est souvent seul, il est donc possible, plus intéressant et plus cinématographique de tourner en pellicule).- Une caméra Super 8 en noir et blanc pour partir à Hambourg filmer la maison de son enfance, le trajet pour l'école, le magasin de cravates."