Un film courageux, parfaitement dirigé par Florent Siri, pour lequel Benoît Magimel et Albert Dupontel réalisent d’extraordinaires compositions d'acteurs. Ce Drame montre l'énorme gâchis de cette guerre inutile (comme toutes les guerres), de cette guerre coloniale, qui était déclarée à l'époque comme un simple "maintient de l'ordre". Il évoque les méthodes employées par les deux camps pour répondre à la terreur par la terreur. Tourné comme un reportage, le film nous propose des scènes atroces ou l'armée française pourchasse les Fellagas (membres de la branche armés du Front de Libération Nationale), ces combattants indépendantistes qui sèment la terreur parmi les civils Français afin de faire fuir les colons.
Aucun semblant d'intrigue n'émerge de cette action redondante au possible, cette succession d'assauts dépeints avec peu d'ambition. Ce film est, en fin de compte, d'une linéarité et d'une paresse déconcertantes à tous les niveaux, tant sur le fond que sur la forme. Le casting, en roue-libre, traduit bien l'impression générale.
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1,5
Publiée le 10 avril 2021
Le premier plan numérique d'Ennemi Intime règle tout. Il n'est pas lié au début de la narration et n'a pour seul but que de faire émerger pompeusement le titre du film à l'horizon. Quelle est l'histoire une section française est coincée au milieu de la guerre non déclarée en Algérie. Ce n'est pas vraiment qu'ils sont coincés mais ils ont l'impression d'être seuls pour mener une guerre absurde. Le scénario n'est constitué que d'une série de missions vaguement reliées entre elles comme combattre les rebelles au coin de la rue et rien d'autre. L'opposition entre le jeune lieutenant idéaliste et le sergent expérimenté et coriace n'est pas une opposition mais une relation de travail facile. Le lieutenant Terrien (Magimel) est un personnage fade sans aucun caractère et le sergent Dougnac (Dupontel) est fondamentalement plus intéressant mais rien d'intéressant ne lui arrive après la séquence d'ouverture avant que Terrien ne soit amené à diriger le groupe. À l'exception de quelques personnages franco-algériens il n'y a pratiquement personne à encourager. L'absence d'histoire est d'autant plus palpable que les lieux sont superbes et la réalisation excellente. Au final il y a un écart gigantesque entre les aspirations du réalisateur et l'inaction imposée par le scénario. Le problème est que Siri n'est pas très douée pour l'écriture de scénarios et ne comprend que l'action tandis que Rotman est submergé par ses connaissances historiques et ne sait pas comment écrire un scénario pour une fiction. C'est-à-dire relâcher les liens de l'exactitude historique pour raconter une histoire captivante mettant en scène des personnages fictifs intéressants...
Difficile de critiquer un film qui partait d'une bonne intention (même si dans le cas présent il y a un décalage, voire un fossé, entre les intentions et le résultat à l'écran), le fait est que le film accumule avec une certaine maladresse tous les poncifs du genre qui avaient été si subtilement utilisés par Spielberg avec "Il faut sauver le soldat Ryan" et Malick avec "La Ligne rouge". Les personnages sont grossiers et caricaturaux (le lieutenant idéaliste, le vieux de la vieille qui a tout connu, le supérieur aux méthodes expéditives, etc.) qui déclament leur morale a deux francs six sous que l'on connaissait déjà par cœur ("La guerre, c'est pas bien", "Ton ennemi est aussi un être humain" entre autres). Point positif?? La mise en scène et l'esthétisme et surtout un Albert Dupontel impeccable. Mais trop tard, le mal est fait.
JE VOUS AI COMPRIS. Etats d'armes. Il parait qu'il faut faire la guerre pour un roi de France, pour un empire, pour un règne. Jugeons le présent par le passé. On a fini par fleurir l'Algérie de cimetières.
Pas mal du tout. Comme quoi le cinéma français est capable de produire des films de guerre corrects. On est évidemment très loin de la performance d'Hollywood, mais ce film peut se regarder avec intérêt et suspens, retraçant assez bien l'histoire réelle.
Excellent film. Du grand art, qui allie une vraie maîtrise technique du sujet (derrière la caméra) avec un traitement parfait du récit (la guerre d'Algérie). C'est tout simplement le meilleur film jamais réalisé, d'après moi, sur ce conflit encore violemment présent dans notre culture nationale. Les Américains ont eu leur Vietnam, nous avons eu l'Algérie mais, contrairement à eux, nous n'avons toujours pas provoqué notre catharsis, nous traînons des pieds pour regarder ce miroir déformant et menaçant de ce que nous sommes en tant que peuple. Pourtant, ce film ose regarder dans les yeux ce passé difficile que nous ne voulons pas voir. Il le fait sans jugement, directement, de manière quasiment militaire, simple et efficace, tout comme l'histoire : un jeune officier arrive en Algérie avec certains principes humanistes qu'il finit par remettre en question au fur et à mesure de son exposition aux combats et à la dure réalité de la guerre. La photographie est somptueuse, le mot est faible. Les acteurs sont bons, Dupontel est quant à lui excellent, comme toujours. Tout est fait pour nous faire réfléchir sur ce passé que nous jugeons honteux alors qu'il fait partie de notre histoire. Le plus grand mérite de ce film est d'entrouvrir la porte sur le devoir de mémoire que nous devons honorer, sans honte ni jugement.
Un film qui montre le vrai visage d'une guerre dont l'image a été tordue par la propagande des deux côtés. Un film dur, mais qui vaut la peine d'être regardé. grâce, entre autres, aux prestations inoubliables de Dupontel et de Metalsi.
Florent Siri parvient à réaliser un très bon film de guerre, à la fois très bien documenté mais également interprété par de grands acteurs. Une réussite, sur un sujet fort et trop peu traité.
D'un ennui terrible. Scenario inexistant. Film qui se pressente comme critique et équilibré, mais qui au final ne fait qu'humaniser les crimes des soldats coloniaux et déshumaniser les combattants algériens en les réduisant à leurs seules exactions.
Un film sur cette période de la guerre d’Algérie qui a laissée beaucoup de cicatrices à de nombreux français et à de nombreux algériens. Le film est fort, presque traumatisant et son grand mérite est de nous placer au cœur des combats...Et pour cette raison il doit être vu car il appartient à notre histoire. En ce qui concerne l'art cinématographique, il y a matière à discussion, la brutalité et la violence sont filmées sans compromis. Le personnage très bien interprété par Benoit Magimel nous interpelle sur les horreurs de la guerre.
Une bonne tête d’affiche (Dupontel/Magimel), mais qui passe inaperçue, étant donné qu’on a en face une médiocre mise en scène. Pas terrible. Je le déconseille aux moins de 13 ans. 2/5
On peut certainement compter sur les doigts de la main les films français traitant de la guerre d'Algérie, beaucoup moins nombreux que ceux parlant des deux guerres mondiales. Le sujet est pourtant hautement cinématographique en plus d'être d'une importance majeure. Écrit par Patrick Rotman, "L'ennemi intime" entend lever le voile sur les "événements" d'Algérie en les montrant sans fards et sans concessions. L'horreur donc. L'horreur que découvre le lieutenant Terrien en prenant le commandement d'une section menée par un sergent désabusé. De la guerre, Florent Siri entend tout nous montrer, dénonçant les atrocités commises aussi bien du côté français que du côté algérien : on torture, on égorge, on viole, on balance du napalm, on s'enfonce dans la violence aussi bien que la folie... Si la trame est classique, elle a le mérite de couvrir quasiment tous les aspects du conflit de manière ambitieuse. En cela, "L'ennemi intime" est d'autant plus à saluer qu'à part quelques scories nerveuses à la réalisation, il a la belle allure d'un film de guerre avec sa sueur qui coule et son sang qui gicle. La subtilité n'est peut-être pas toujours au rendez-vous mais le film est efficace, nous montrant Terrien sombrer dans la violence alors qu'il doit vivre tous les jours avec, lui qui avait pourtant des idéaux. La photographie vient souligner le côté crasseux de la guerre tandis que Benoît Magimel livre une composition solide en lieutenant qui perd pied face à un Dupontel toujours impeccable, intense en sergent à qui on ne la fait pas. Un film à saluer, à l'effort sincère et à la violence barbare.