Probablement, d'emblée, LE film français de l'année.
Siri prouve enfin qu'il est possible, en France, de faire des films à grand spectacle sur des sujets importants. Evidemment, les critiques geignardes arrivent déjà, celles qui pensent que de faire du spectaculaire sur la guerre d'Algérie, c'est mal, etc. Il n'empêche : Laurence d'Arabie, c'est du grand spectacle, et c'est un sujet grave, et il n'y a pas de mal à cela. La force spectaculaire de l'ennemi intime, au contraire, nous plonge la tête dans le sujet directement, nous oblige à regarder, collés à l'écran pendant une heure et demi.
Siri, en as du cinéma d'action, filme les scènes de guerre avec un brio formel époustouflant, rappelant comme Spielberg avant lui que la guerre, c'est une espèce d'immersion brutale et soudaine dans la violence, qui vrille les sens pendant quelques minutes, avant de retourner au calme. Ce calme là, dans le filme, qui circule entre les scènes d'action, ce sont de longues marches au travers des montagnes avec la musique (splendides trompettes dépressives d'Alexandre Desplat !), ou des discussions entre militaires sur la guerre, l'absurdité de ce combat, etc.
Bref, c'est parce que Siri nous plonge dans la guerre (et ce dès la première scène) qu'on est disponible, que le sujet peut nous prendre, comme dans LA BATAILLE d'ALGER. Il faut revivre le suspense et la peur, pour comprendre, ou tenter de réaliser.
Après, beaucoup disent que le film devrait être projeté dans les écoles, etc. C'est juste, mais c'est vraiment réduire le talent de SIri à peu de choses. Non, il y a bien plus qu'un "acte citoyen" dans l'ennemi intime. Le film n'est pas un film de bonne conscience (le "constat honteux" dont parlent débilement les inrocks), c'est un VRAI film de guerre, avec des personnages. Ce n'est pas un documentaire d'art et essai qui compte le nombre de morts en montrant du doigt, c'est un film de mythologie, avec des personnages dignes des westerns de Leone, qui apparaissent avec leur chapea