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    Le Candidat
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Le Candidat" et de son tournage !

    La traversée du Niels

    Niels Arestrup explique comment il en est venu à passer derrière la caméra : "Il y a quatre ans, dans un moment de profond ennui, j'ai commencé à me raconter une histoire. Je ne caressais alors pas du tout l'idée de réaliser un film. Il s'agissait davantage d'une rêverie, d'une image qui s'est imposée à moi, celle d'une grande Berline noire avançant vers une propriété [séquence qui ouvre le film]. En deux semaines j'ai écrit une quinzaine de pages que j'ai soumises à Frédéric Bourboulon qui a trouvé ça intéressant. Pour des raisons personnelles Frédéric n'a pas pu faire le film et Dominique Besnehard m'a alors présenté Pascal Verroust, l'actuel producteur du film (...) Au départ il n'était pas question que je le réalise, puis on m'a encouragé à le faire. Une fois que j'avais mis le doigt dans la machine, je me suis laissé prendre au jeu."

    Comme une image

    Niels Arestrup précise ses intentions : "(...) j'ai pu observer, depuis que je fais ce métier, l'évolution du rapport de force entre les médias et l'art. J'ai vu le poids pris par la télévision et l'apparence. C'est quelque chose qui a profondément changé entre les années 70 et aujourd'hui. J'ai vu la même chose se produire dans le monde politique, d'une façon encore plus crue et vulgaire. Si bien qu'aujourd'hui il me semble qu'aucune parole ne peut exister si elle n'est pas, dans le même temps, une image. Le fait que l'image a pris le pas sur la pensée, la réflexion, l'humanisme, l'art est pour moi quelque chose de très angoissant (...) S'il fallait absolument extraire un message de ce film, ce pourrait être qu'il faut beaucoup de patience pour se détacher de ce qui nous fait, pour essayer de trouver ce que nous sommes, en tant qu'individu. C'est peut-être le sens de cette histoire. Elle aurait pu se passer dans le cadre d'une administration, dans l'organigramme d'un grand magasin (...) d'une certaine façon j'aimerais qu'on puisse abstraire le film du politique, et le voir davantage comme une métaphore."

    Politique / fictions

    Depuis quelques années, la fonction présidentielle a inspiré plusieurs réalisateurs français : citons Le Promeneur du champ de Mars de Robert Guédiguian, évocation de François Mitterrand avec Michel Bouquet (2005) ou Président de Lionel Delplanque (2006), un film aux allures de thriller avec Albert Dupontel. Dans un tout autre registre, Michel Royer et Karl Zéro ont remporté le César du Meilleur documentaire en 2007 pour le film de montage Dans la peau de Jacques Chirac, et ont signé ensuite Ségo et Sarko sont dans un bateau. Concernant les films plus anciens, il faut mentionner Le Président d'Henri Verneuil avec Jean Gabin ou Le Bon Plaisir de Francis Girod avec Jean-Louis Trintignant. Sur le thème plus précis du prétendant à l'Elysée, on peut également signaler la comédie Feu sur le candidat d'Agnès Delarive (1989) avecMichel Galabru en candidat encombrant. Enfin, Niels Arestrup reconnaît que la scène du repas de son film a été inspirée par une séquence similaire dans le documentaire de Raymond Depardon 50,81 % (rebaptisé 1974, Une partie de campagne), sur la campagne victorieuse de Valéry Giscard d'Estaing.

    Attal l'élu

    Le cinéaste explique pourquoi il a choisi Yvan Attal pour le role-titre : "Au départ les personnages étaient beaucoup plus âgés. Tout simplement parce que ma structure mentale me poussaitvers des gens de ma génération. Ce sont les réalités de la production et de la distribution qui m'ont suggéré qu'il serait peut-être plus intéressant que le candidat et son entourage soient plutôt quarantenaires. Yvan s'est imposé assez vite. J'ai vu tous ses films, je l'aime beaucoup en tant qu'acteur. Lui était persuadé qu'il ne serait pas crédible en tant qu'homme politique ce qui est évidemment faux. Mais en un sens, cela m'arrangeait d'ailleurs puisque le personnage lui-même est convaincu de ne pas être crédible. Ce qui m'intéresse dans le travail d'Yvan c'est le doute. C'est un grand acteur car il doute sans arrêt. La qualité de ce doute fait qu'il a un jeu très ouvert, disponible, fragile et féminin. Quand il tourne un plan il ouvre trois portes."

    Mon metteur en scène est un acteur

    Yvan Attal évoque le travail avec Niels Arestrup : "Quand vous vous approchez de quelqu'un en lui parlant doucement, vous créez un climat. Au contraire si vous hurlez de loin vous créez les conditions d'un jeu différent. Là encore c'est une question d'énergie. A sa manière de me parler sur le plateau, j'avais une manière de lui répondre dans la scène. C'était un dialogue. C'est pour cette raison qu'il y a toujours un rapport affectif entre un metteur en scène et un acteur. J'étais hypnotisé par les manières de Niels. Au fond on peut même dire que j'étais assez soumis. Dans sa façon de s'adresser à moi en tant que metteur en scène, il m'a lui-même attaché au piquet, mais sans violence. Il est généralement identifié comme un acteur de théâtre, mais sur le plateau, ce qu'il voulait de nous c'était tout sauf du théâtre. Très souvent par exemple, il nous demandait de déstructurer le dialogue. C'est un homme qui aime défaire une chose qui est faite"

    Un homme politique modèle ?

    Pour se préparer à entrer dans la peau d'un homme politique, Yvan Attal a souhaité interroger le Premier secrétaire du Parti Socialiste, qui était alors l'un des "présidentiables" de la formation de gauche pour 2007 : "J'ai demandé à rencontrer François Hollande qui m'a très gentiment invité dans son bureau", se souvient le comédien. "Il a probablement une dizaine d'années de plus que moi, il est chef d'un parti. Il n'est pas un " jeune " du parti contrairement à mon personnage. C'était néanmoins très instructif. Je lui ai posé un certain nombre de questions, dont les réponses n'allaient pas forcément m'aider à jouer le rôle mais me permettraient de démystifier " l'homme politique " et peut-être m'imprégner de sa personnalité. Si bien que lorsque j'essayais un costume pour le rôle, je n'avais pas l'impression que c'était un costume de cinéma. J'avais à l'esprit son image à lui. J'avais, bien entendu, mes raisons d'aller voir François Hollande, des raisons pas nécessairement politiques d'ailleurs. Mon instinct me guidait vers lui. Mais il ne s'agissait pas de l'imiter pour autant."

    L'ombre du 21 avril 2002

    Si Le Candidat ne fait pas de référence directe au personnel politique français, Niels Arestrup confie avoir été marqué par l'annonce par Lionel Jospin de son retrait de la vie politique entre les deux tours de l'éléction présidentielle de 2002 : "Cela m'a beaucoup ému. Je trouve que cet homme, à cet instant-là, a donné une espèce d'humanité à tout ce cirque en disant ces mots à la fois simples et puissants. C'était très noble et très spectaculaire. J'ai eu l'impression qu'il n'avait pas vu venir et était terriblement surpris. Je me suis dit – mais c'est ma rêverie – qu'il y avait eu manipulation. Et que lui ne l'avait pas senti. Sur ce point je revendique le droit à l'imaginaire. Sans doute que cet incident a travaillé en sourdine pour aboutir au scénario que j'ai ensuite écrit."

    La troupe Arestrup

    Grand homme de théâtre (comme comédien, mais aussi, en quelques occasions, comme metteur en scène : Lettres à un jeune poète en 1993 ou Marie la Banche en 2001), Niels Arestrup a fait appel, pour sa premièe réalisation, à nombre de comédiens de théâtre chevronnés. On retrouve en effet au casting trois pensionnaires de la Comédie-Française (Clotilde de Bayser, Guillaume Gallienne ou Thierry Hancisse, qui campe l'autre candidat), mais aussi Maurice Bénichou (qui dirigea Arestrup dans Dom Juan et Les Trois soeurs dans les années 80) ou Laurent Grévill. Quant à Catherine Epars et Isabelle Le Nouvel, si elles sont encore peu connues des cinéphiles, elles ont une grande expérience des planches (Niels Arestrup lui-même les a mises en scène à Avignon en 2001 dans le spectacle Paroles d'acteurs).

    Retrouvailles

    Yvan Attal et Maurice Bénichou s'étaient déjà donné la réplique dans Les Patriotes d'Eric Rochant.

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