Jesus Camp a été nommé aux Oscars 2007 dans la catégorie meilleur documentaire.
Avec plus de 300 millions d'habitants, les Etats-Unis comptent 224 millions de Chrétiens dont 80 à 100 millions d'Evangélistes, 4 millions de Juifs et un million et demi de Musulmans.
38% des Américains se définissent comme évangéliques, et lors des dernières élections présidentielles en 2004, ils détenaient 53% des suffrages exprimés. George W. Bush, lui-même chrétien évangélique, a bénéficié de leur soutient important. Un tiers des Américains écoutent des stations de radios chrétiennes, ce qui représente sur cinq ans une hausse de 43%.
Les évangéliques font parti d'une branche du protestantisme qui est composé de cinq points essentiels : le biblicisme (où la Bible est la seule autorité), le crucicentrisme (seuls ceux qui croient que Jésus-Christ est mort sur la croix à la place de l'homme pêcheur seront sauvés), l'engagement militant (tout évangélique doit faire oeuvre d'évangélisation), la conversion (nécessité d'une "deuxième naissance" par le baptême) et enfin la pratique culturelle (exprimer sa piété avec spontanéité et émotivité).
Malgré leur ressemblance, évangélique et évangéliste sont deux termes complètement différents. L'évangéliste est un professionnel de l'évangélisation, qu'il soit catholique, protestant réformé ou évangélique.
Les évangéliques de Jesus Camp sont pentecôtistes ou “charismatiques”. Ce mouvement chrétien, qui connaît actuellement une très forte augmentation, se définit par une expressivité émotionnelle, une spontanéité dans la dévotion, l'habitude de “parler en langues” et des actes de guérison.
Les deux réalisatrices, Heidi Ewing et Rachel Grady, ont fait ce documentaire pour savoir ce que représentait ce courant évangélique pour les Américains : "Nous avons cherché à comprendre en quoi toute cette génération d'enfants endoctrinée par l'idéologie évangélique va peser sur l'avenir des Etats-Unis lorsqu'elle aura atteint l'âge adulte (...) Il y a une centaine de millions de chrétiens évangéliques aux Etats-Unis, mais ils se répartissent en une myriade de communautés qui, tout récemment encore, se sont pas mal divisées. En effet, les évangéliques ne partagent pas tous le même regard sur la politique et la théologie. C'était donc un vrai défi de nous attacher à une communauté en particulier, et de ne pas généraliser leurs coutumes aux millions d'autres chrétiens qui n'ont pas les mêmes pratiques religieuses.".
Avec ce documentaire, le but de Ewing et Grady n'a pas été de fournir un outil de recrutement pour les évangéliques, mais elles ont "souhaité réaliser un film qui suscite la réflexion et qui soulève des questionnements. De toute façon, une fois le film terminé et distribué, il ne nous appartient plus : il vit sa propre vie et des gens très différents, issus de milieux les plus divers, peuvent très bien se le réapproprier à leur guise. Tant que le film continue de susciter des débats, nous sommes ravies. Bien entendu, nous souhaiterions qu'il soit vu par des spectateurs de toutes confessions et de toutes convictions, car il s'adresse aussi bien aux gens de gauche que de droite, aux laïques qu'aux humanistes."
Becky Fischer, pasteur pour enfant et directrice de Kids in Ministry International, est le personnage principal du documentaire. Les cinéastes l'ont rencontré bien avant le tournage, et elle leur a présenté les enfants et leur famille qui fréquentent les colonies et les conférences qu'elle organise. D'elle, les réalisatrices disent : "C'est un véritable “personnage” de documentaire par excellence. Ce sont ces êtres qui vivent à la marge et se fixent des missions extrêmes – mais qui parviennent malgré tout à vous émouvoir et à vous faire réfléchir sur votre vie – qui constituent les meilleurs personnages.".
Un des protagonistes, Mike Papantonio, est animateur radio et avocat. C'est pendant le montage du film que les réalisatrices se sont aperçues qu'il manquait un élément dramatique au documentaire, ainsi qu'un point de vue contradictoire à celui des enfants et des parents. Elles ont alors fait appel à Mike Papantonio, animateur sur une radio chrétienne, qui condamne la façon dont sont éduqués ces enfants.
La façon dont les enfants ont été sélectionnés s'est déroulée de manière naturelle. Trois se sont démarqués du groupe grâce à leur dynamisme et leur aisance pour s'exprimer. Malgré des activités banales pour leur âge, les cinéastes ont noté que "la ferveur religieuse est au centre de leur vie à tel point que leurs parents, le plus souvent, les retirent de l'école pour prendre eux-mêmes en charge leur éducation. Ils écoutent peut-être du heavy metal, mais dans une version chrétienne qui célèbre le “sang de Jésus.” Leurs enseignants leur inculquent une conception rigoureusement créationniste du monde, et les garçons qui font partie de l'équipe de foot arborent fièrement des bracelets rouges portant l'inscription HWJC, qui signifie “How Would Jesus Compete?” (“Comment pourrionsnous rivaliser avec Jésus ?”).".