Irina Palm a été très remarqué lors de sa présentation, en compétition, au 57e Festival de Berlin en 2007. La prestation de Marianne Faithfull a été très appréciée par les festivaliers, certains la donnant même comme favorite pour le Prix d'interprétation, finalement revenu à l'Allemande Nina Hoss.
En dépit du côté scabreux de l'histoire, Irina palm n'a rien d'impudique. "C'était un postulat de départ, clairement établi", souligne Marianne Faithfull, qui précise : "Le scénario était accompagné d'une note d'intention de Sam Garbarski, disant, " On ne verra pas un seul pénis à l'écran. Je ne compte pas réaliser un film pornographique et je n'en réaliserai jamais. " Irina Palm n'est certainement pas un film porno ! Pendant le tournage, on a utilisé – c'est quoi le mot déjà ? – des godemichés ! C'était génial et absolument répugnant ! (rires)." Le cinéaste note de son côté : "Je me suis dit que ce serait trop facile d'inclure des plans avec des pénis. J'ai donc préféré tout raconter à travers les expressions du visage et du corps de Maggie."
Irina Palm est le deuxième long métrage du Belge Sam Garbarski après le remarqué Tango des Rashevski en 2004. Le scénario était en fait prêt avant ce premier opus. Il était alors écrit en français, avec déjà Miki Manojlovic au casting. Mais le cinéaste et son producteur Sébastien Delloye avaient bien du mal à réunir le financement. Sur la suggestion d'une productrice anglaise rencontrée à Rotterdam, Garbarski et son scénariste ont alors décidé d'adapter le scénario dans la langue de Shakespeare. Voilà pourquoi le film a finalement été tourné non pas à Belgique mais à Londres... Et c'est en lisant un article annonçant le tournage de Marie-Antoinette que le réalisateur a eu l'idée de faire appel à Marianne Faithfull.
Sam Garbarski brosse le portrait de son héroïne : "Maggie est une femme simple, bonne et généreuse. Elle n'a pas eu beaucoup d'éducation et peu d'occasions de voyager. Elle a épousé son amour de jeunesse et lui est restée fidèle même après sa mort. Maggie n'aurait même jamais imaginé que ce genre de job pouvait exister ! Elle accepte de le faire parce qu'elle ne voit aucune autre solution mais aussi parce qu'elle est un peu naïve. Dans son esprit, elle est simplement en train de faire un travail pour payer le traitement de son petit-fils Olly. Ensuite elle ne peut plus échapper à la situation dans laquelle elle se trouve, à cause du deal qu'elle conclu avec Miki, le propriétaire du Sexy Club. Puis, comme elle ne peut s'empêcher de bien faire son travail, elle finit par avoir du succès. Ce que Maggie accomplit là est le sacrifice d'une femme magnifique."
Marianne Faithfull parle de ses rapport à son personnage : "Ce que j'ai beaucoup aimé chez Maggie – et ça a été mon impression immédiate – c'est qu'elle et moi sommes aux antipodes l'une de l'autre. Je ne me reconnais pas en elle, à aucun moment du film. Mais c'était tellement agréable de ne pas devoir être Marianne Faithfull en permanence !" Elle ajoute cependant : "Il a donc fallu que je puisse m'identifier à Maggie, et j'y suis parvenue. J'ai un fils, des petits-enfants... Ca nous faisait quelques points en commun. En revanche, je ne sais pas si je serais capable de faire ce qu'elle fait dans le film (...à même si je n'ai pas vécu tout cela – Dieu merci ! – je comprends ces femmes. Et je ne les juge pas. J'aime Maggie. J'aime le fait qu'elle réussisse à se libérer. Puis qu'elle finisse par dire : "ça suffit !"."
"C'est la première fois que je porte un film sur mes épaules", se félicite Marianne Faithfull. L'égérie rock des sixties n'en est cependant pas à son premier film : elle a donné la réplique à Alain Delon dans La Motocyclette, Patrice Chéreau l'a dirigée dans Intimité et on l'a vue récemment en mère de Kirsten Dunst-Marie-Antoinette. "Mais ma carrière d'actrice a été très chaotique", regrette-t-elle. "Les gens l'oublient. Mais j'en suis responsable. J'ai fait de mauvais choix. Malheureusement, je suis tombée dans la drogue. Ca m'a vraiment déboussolée." A l'époque de cette descente aux enfers, elle a d'ailleurs erré dans les rues de Soho, le quartier interlope de Londres où se situe l'action d'Irina Palm.
Sam Garbarski s'amuse du caractère cosmopolite de son projet : "Nous avons tourné en Angleterre, en Allemagne et au Luxembourg et en toute logique, l'équipe était internationale. Mais ça me convient. Je suis polonais d'origine, j'ai grandi en Allemagne, je vis en Belgique et je fais un film en anglais. Ma scripte était anglaise mais d'origine suédoise, mon premier assistant était hongrois, mais a grandi en Allemagne tout en vivant à Paris. Ma chef déco est d'origine italienne, mais vit au Luxembourg. C'était un mélange formidable !..."
La bande originale du film a été composée par un célèbre groupe belge, Ghinzu. Emmenés par le charismatique John Stargasm, les Ghinzu ont enregistré leur premier album, Electronic jacuzzi, en 2000, mais c'est avec le deuxième, Blow en 2004, que leur popularité dépasse les frontières de la Belgique, grâce notamment au succès du single Do you read me ?.