Le Flic de San Francisco est un film étrangement mal aimé du public. Un public qui n’a peut-être pas trop accepté le tournant sérieux de Murphy, qui ici est dans univers plus sombre et radical que dans Le Flic de Beverly Hills, saga avec laquelle bien sûr on comparera ce métrage.
Honnêtement, le souci de ce film réside surtout dans une construction narrative approximative. Il y a des incohérences, notamment dans la dernière partie, mais surtout le métrage tend à se disperser de trop, si bien qu’on finit par ne plus voir la confrontation Murphy-Wincott que comme une ligne de fond, une trame pour tenir l’ensemble, alors que ça devrait bien entendu être le gros morceau du métrage. Je crois encore que le film a choisi des partis pris hasardeux, comme celui de l’arrestation, ce qui amène une dernière partie un peu lourde reposant sur des rebondissements moyennement crédibles, pour ne pas dire erronés.
Cette construction balourde pourra déplaire et déconcerter, mais c’est omettre tout de même que l’action est bien présente, qu’il y a des séquences très réussies (notamment la première négociation), que le rythme est efficace, et que l’on passe donc un moment divertissant bien qu’inférieur aux références du genre.
Le casting est bon, avec un Eddie Murphy qui prend bien le chemin du film sérieux. Quelques blagues de ci de là, quelques vulgarités faciles, mais dans l’ensemble il tient la baraque, et parvient à se montrer tout à fait crédible lorsque cela est nécessaire (notamment lors des négos). Face à lui deux Michael. WIncott, le méchant, qui s’avère efficace en méchant bien méchant, et Michael Rapaport un peu sous-exploite. Heureusement que la fin lui permet davantage d’entrer en jeu, car pour le reste il est relativement laissé de côté. Le reste du casting ne présente pas une grande exposition, mais c’est toujours un plaisir de revoir Paul Ben-Victor. Le genre d’acteurs qu’on a tous déjà vu sans savoir son nom !
Quant à la forme, et bien Le Flic de San Francisco offre de grosses scènes d’action (notamment une très bonne course poursuite en voiture et tramway), des scènes assez violentes (c’était l’époque où l’on pouvait se permettre quelques débordements sans avoir peur de faire fuir le public), et globalement ça a de la personnalité. L’ambiance San Francisco est bien sensible, et la mise en scène est appliquée. Le réalisateur a beau ne pas avoir fait une grosse carrière derrière, malgré quelques métrages importants, il livre un boulot soigné, pertinent, nerveux, bref, c’est du propre, et les scènes d’action sont particulièrement efficaces grâce à la qualité de la réalisation. La bande son est correcte mais assez impersonnelle à mon sens.
En conclusion je dirai que Le Flic de San Francisco reste un bon métrage d’action des années 90. Il serait bête de passer à côté, car sans atteindre la perfection des références du genre dans cette décennie, c’est explosif et tout à fait divertissant. Des regrets assez notables quand même sur le fond. 3.5