Grand Prix du dernier Festival de Gerardmer, Norway of life, premier film du norvégien Jens Lien n'a pas volé son succès. Une telle perle (aussi personelle que brouillone, mais c'est celà qui fait son attrait) n'apparaissant que deux fois par an, tout au plus.
Ici, dernière le fantastique pointe une réfléxion métaphysique d'une incroyable démesure, portée par une mise en scène totalement dévouée à son cadre artistique, alliant aussi bien moment d'intense émotion, de ravissement formel (en celà, le travail opéré sur l'image, clinique, froide et aseptisée retransposant le formatage d'une société sans saveur est captivant, tandis que la scène aux couleurs chaudes de la cuisine du bout du tunnel souterrain, baignée par les cris des enfants, constitue un contre-pied de quelques instants, sort de bulle salvatrice, tant pour le héros que pour le spectateur, hapé par ces lueurs orangées).
Norway of life est ainsi plus que Brazil, plus qu'une simple dénonciation d'une société normalisée, surcontrôlée et où le mauvais goût et le conservatisme est érigé en une valeur suprême, où toute émotion veut être supprimée, où la notion même d'individualité est constamment remise en cause, et où chaque sujet de discussion tourne autour de sujets insipides telle que la déco, Norway of life possède avant tout un sacré sens comique, qu'il soit absurde ou noir, et en fait un des films les plus drôles de ce début d'année.
Norway of life est finalement un film plus large sur le voyage, sur un parcours initiatique, allant de l'ombre à la lumière (à la manière du tunnel ferroviaire), de la découverte de soi et du renoncement.