Libero a été présenté au Festival de Cannes dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs. Très remarqué au sein de cette sélection, il a remporté le prix de la CICAE, association rassemblant des exploitants de salles Art et Essai européennes.
Libero est le premier long métrage réalisé par un des jeunes comédiens les plus en vue du cinéma italien, Kim Rossi Stuart. Né en 1969, il a débuté en 1975 aux côtés de son père Giacomo dans La Grande bourgeoise de Mauro Bolognini. Aperçu ensuite dans Le Nom de la rose, il a tourné sous la direction d'Antonioni (Par-delà les nuages, 1995), Gianni Amelio (Les Clefs de la maison, 2004), Roberto Benigni (Pinocchio) et Michele Placido (il est l'un des voyous de Romanzo Criminale, sorti au début de l'année 2006). Les téléspectateurs français ont aussi pu le voir en Julien Sorel dans une adaptation pour le petit écran du Rouge et le noir signée Jean-Daniel Verhaeghe avec Carole Bouquet en Louise de Rénal et Judith Godrèche en Mathilde de la Môle.
Libero aborde les thèmes de la famille et de la séparation vues à travers le regard d'un enfant. Kim Rossi Stuart explique ce choix : "Une fois atteint l'âge adulte, la vie devient pour beaucoup d'entre nous une expérience plus mentale et moins sensorielle. On ne vit plus les choses avec la plénitude magique de l'enfance, avec cette espèce de tridimensionnalité émotive. C'est d'ailleurs ce qui nous a poussés à parler de ce moment où se posent les bases de la vie (...)Au cours de la phase d'écriture, j'ai voulu regarder le monde qui nous entoure avec des yeux d'enfant. J'ai poursuivi ce voyage en me mettant à la recherche de ce regard-là. J'ai rencontré des centaines d'enfants. Chacune de ces rencontres a été singulière, souvent extraordinaire. Ainsi s'est renforcé et développé mon besoin de donner la parole à l'un d'entre deux, de lui confier le personnage pour qu'il nous montre la vie de son point de vue (...) Pour Tommi, la préadolescence est une période très difficile, parsemée de difficultés émotives et familiales. Il tente de les dépasser en se construisant des outils appropriés, aussi bien de défense que d'attaque, pour ne pas se laisser écraser par les événements. Même si parfois les adultes commettent d'énormes erreurs tout en les minimisant, les petits ont la capacité de leur pardonner et de comprendre leurs souffrances, de manière désarmante."
Le rôle du père est interprété par Kim Rossi Stuart lui-même. Initialement, celui-ci ne souhaitait pas jouer dans son film. Mais l'acteur qui devait incarner le père a dû se désister peu avant le début du tournage, et le réalisateur a alors décidé de le remplacer.
Le cinéaste parle de sa rencontre décisive avec Alessandro Morace, le jeune garçon qui interprète Tommaso (que toute l'équipe appelait, sur le tournage, le petit De Niro) : "Alessandro Morace était l'un des élèves d'une école de province. Au premier abord très "banal", profondément timide et introverti, Alessandro recelait une aura très particulière. Il se moquait d'apparaître. Je crois qu'il a accepté de participer au film uniquement parce que le jeu que nous avions fait pendant le bout d'essai, qui consistait à prêter ses propres émotions à Tommaso afin de faire émerger les siennes, lui avait plu. La rencontre avec Alessandro est la rencontre rare dont j'avais besoin. C'est celle que j'ai cherchée sans répit, allant même jusqu'à frapper aux portes des maisons et des écoles."
Le titre original du film, Anche libero va bene, est une citation des dialogues du film. Lors d'une conversation avec son fils, Renato lui dit que son poste préféré sur un terrain est celui de libero (il s'agit d'un défenseur qui n'est pas soumis à un marquage individuel, et peut évoluer librement en défense). L'enfant lui répond : "Anche libero va bene", ce qu'on pourrait traduire "Libero, ça me va aussi."
La bande originale du film a été confiée à Banda Osiris, un groupe de musiciens (cuivres, percussions) et comiques ambulants apparu en Italie au début des années 80. Ils avaient été récompensés au Festival de Berlin en 2004 pour la musique qu'ils avaient composée pour Premier amour de Matteo Garrone.
Coscénariste de Libero, Linda Ferri avait cosigné le script d'un autre fameux drame familial italien : La Chambre du fils de Nanni Moretti.