L'histoire d'un gars dans un village d'Essonne, on s'y emmerde, on s'y aime doucement, on essaye d'y vivre.
Présenté comme ça, on n'a pas trop envie d'y aller, mais il faut bien dire qu'il n'y a pas de scénario, dans la grande tradition film d'auteur français. Sauf que là, l'ambition auteur est très mesurée, c'est juste des saynètes plus ou moins bien liées dans un endroit mortel, j'ai nommé la campagne en banlieue parisienne.
Néanmoins, pas de soucis pour Darroussin, son public bobo du 19ème avait rempli la salle un dimanche après-midi. Comme Berléand, Jean-Pierre a ses aficionados indéfectibles, dont je suis, mais pour d'autres raisons.
La première force de ce film, c'est de montrer des gens moches, comme il y en a des millions dans nos bureaux, même si Darroussin se cache derrière une barbe, il a quand même le visage désagréable qu'on lui avait vu dans "Feux rouges". Mais les éclairages, les scènes font que l'on sent l'humanisme du réalisateur pour ces visages sortant du lot des starlettes françaises. Même si Florence Loiret-Caille et son jeune alter ego routard mettent un peu d'esthétisme dans tout ça.
Il faut quand même beaucoup de complaisance envers ce pur produit français pour suivre ce qui est écrit d'avance. Il reste que les acteurs sont formidables, Darroussin en vieux pervers libidineux au grand coeur écorché tendance ours mal léché (j'en oublie ? ah oui, chauve et barbu), Devos en femme intelligente mais sensuelle, Caravaca en enfant de 40 ans, et le jeune acteur malsain en looser inconstant et fouteur de merde parfait dans son rôle désagréable.
Seulement, il y a Florence et Jean-Pierre, et il faut bien dire que la scène de la voiture, même si on la voyait venir à des kilomètres, est très touchante. Elle rachète un film bien trop simple pour être honnête, sinon passionnant. Dans le même genre, "Changement d'adresse" s'était offert un scénario, de l'humour, et un peu d'originalité. Ici, on est dans la mauvaise veine du cinéma facile parisien, le charme d'un nouveau couple cinématographique en cadeau inespéré.