Pour Michel Boujenah, "un ami, ce n'est pas un être humain avec qui on construit une relation juste comme ça. On dit qu'un ami est un ami quand on le sait vraiment. Alors qui sont ces gens ? Je crois qu'on ne choisit pas ses amis consciemment. C'est un mélange de choix et de choses qu'on ne maîtrise pas. Dans le mot amitié, il y a le mot amour. Et une histoire d'amitié, c'est une histoire d'amour sauf qu'on ne le fait pas. Mais cela reste une histoire d'amour avec la jalousie, la possessivité... Et puis, j'ai vu autour de moi des couples divorcés, des gens angoissés par le travail et la maladie, d'autres qui n'avaient plus de combats collectifs ou qui étaient déplacés géographiquement à cause du marché du travail et tous n'avaient qu'une seule chose qui les ramenait à la réalité : leurs amis. L'amitié, c'est un peu comme un radeau de la Méduse."
Après avoir abordé le thème de la famille dans Père et fils, Michel Boujenah et Pascal Elbé avaient envie de parler des amis. "Comme pour les histoires d'amour, on croit qu'on a déjà tout dit sur le sujet alors que pas du tout, explique ce dernier. Cette famille qu'on se choisit nous entraîne parfois dans les mêmes complexités et les mêmes angoisses que l'on peut avoir avec un membre de sa famille. Ce rapport à l'autre nous semblait intéressant."
Avec 3 amis, Pascal Elbé retrouve non seulement Michel Boujenah, qui l'avait dirigé quatre ans auparavant dans Père et fils, mais également Kad Merad, son partenaire dans La Tête de Maman, et Mathilde Seigner, à qui il avait donné la réplique dans la comédie Tout pour plaire. "Pascal est étonnant et réussit toujours à me surprendre, raconte Michel Boujenah. Il a de la classe, une élégance physique dans sa manière de bouger et il est complètement barré. Il est impossible à diriger ! Comme il a beaucoup d'humour et qu'il me fait beaucoup rire, c'est un enfer ! Le nombre de fois où je lui disais d'arrêter... Mais il est d'une exigence et d'une volonté de faire mieux tout le temps...Il veut sans cesse inventer et a cette gravité qui me touche profondément. Pascal est imprévisible et peut changer le texte pendant la prise. Et il sait qu'avec moi, il peut y aller."
Le rôle de César fait référence à tous ces personnages que jouaient Yves Montand, Vittorio Gassman ou Philippe Noiret. "J'aime beaucoup César et Rosalie, confie Pascal Elbé, et ce n'est peut-être pas un hasard si le personnage s'appelle César. J'aime ces gens capables de brasser beaucoup d'air et qui, dans le fond, sont tristes comme la pierre. Ils font semblant d'aller bien en donnant le change avec beaucoup de dignité. Ils peuvent être possessifs, maladroits et très égoïstes mais paradoxalement très généreux."
C'est Pascal Elbé, qui après avoir passé une soirée avec Kad Merad au Festival de l'Alpe d'Huez, a proposé à Michel Boujenah de lui confier le rôle de Baptiste. Le comédien-réalisateur lui a alors demandé de faire des essais. "Je l'ai dirigé à la façon de Claude Lelouch, en improvisant, explique Michel Boujenah. D'abord, je me suis rendu compte que Pascal et lui fonctionnaient bien ensemble et, ensuite, j'ai vu la tessiture de Kad. La façon qu'il avait de faire les choses graves, c'était magnifique. Il s'est identifié à Baptiste et a vu ce qu'il pouvait faire de ce personnage. Pendant les répétitions, je suis allé voir le film de Philippe Lioret et j'ai eu la confirmation encore plus forte de ce que j'avais perçu lors des essais. En plus, c'est un musicien de formation donc il connaît le rythme et sait jouer une partition. Il écoute comme un musicien et c'est un vrai bonheur."
3 amis marque la dernière apparition à l'écran de Philippe Noiret qui est décédé le 23 novembre 2006 des suites d'un cancer. "Avec Philippe, c'était un cadeau qu'on se faisait mutuellement, confie Michel Boujenah. Pascal Elbé et moi lui avions promis de lui écrire un rôle. On le tenait au courant régulièrement et, quand on est tombé sur ce directeur de garage, on était très contents. J'étais très heureux qu'il puisse le faire même si quand il apparaît à l'écran la première fois, je sais qu'on est choqué. Mais très vite, on l'oublie et il fait rire. Il était tellement content de jouer la comédie, même fatigué... Et c'est tellement bon d'imaginer que dans son dernier film, il fasse rire avec cette élégance et cette finesse..."
"C'est simple, je l'adore, confie Mathilde Seigner. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point nous avons ri... C'est au-delà du réel ! C'est un type merveilleux, tendre, gentil, ouvert, drôle à pleurer... On peut tout lui dire, il comprend tout, est tout le temps de bonne humeur... Il n'y a jamais eu de tension pendant deux mois. C'est un des metteurs en scène avec qui j'ai pris le plus de plaisir à travailler. Sans doute parce qu'il n'est pas que metteur en scène. Comme il est acteur, il comprend mieux les acteurs que les autres. Pour moi, cela a vraiment été une rencontre magnifique. Je garde un souvenir fantastique de ce tournage. En plus, c'est un film qui a un peu changé ma vie, donc je dis merci à Michel."