Stephan Carpiaux explique le choix du titre, qui peut sembler bien mystérieux... "Alex se raccroche à la voix de sa mère qui lui racontait des histoires quand elle était enfant. Et plus particulièrement l'histoire d'une fourmilière où chaque fourmi a une mission, qu'elle remplit quels que soient les obstacles. Comme une fourmi rouge, Alex considère qu'elle a une mission et que rien ni personne ne pourra l'en détourner (...) Après le décès accidentel de sa mère, elle s'est mise en tête de la remplacer auprès de son père. Et devant la difficulté de celui-ci à surmonter l'absence de sa femme, Alex pense qu'elle doit faire face pour les deux et prendre tout en charge."
Les Fourmis rouges est le premier long métrage de Stephan Carpiaux, cinéaste belge, né à Namur en 1964, auteur de nombreux courts métrages primés à Bruxelles, Los Angeles ou Chicago. C'est lui qui offre à sa compatriote Natacha Régnier son tout premier rôle au cinéma, dans le court The Motorcycle girl en 1993.
Co-écrit par Laurent Denis et Stephan Carpiaux, le scénario des Fourmis rouges a obtenu en 2002 le Trophée du 1er scénario - Promesse de nouveaux talents.
Le cinéaste évoque ses partis pris stylistiques : "Il était essentiel pour moi de créer une ambiance forte qui inscrit les personnages dans une réalité volontairement stylisée et qui permet au spectateur de mieux appréhender visuellement ce que ces personnages vivent intérieurement. Je n'ai pas voulu non plus situer géographiquement l'histoire. Cela se passe dans une petite bourgade perdue dans une forêt, mais sans que celle-ci soit identifiée. Je n'ai pas non plus situé l'histoire dans le temps. Il n'y a, par exemple, pas de GSM dans le film, car je voulais que cela reste intemporel, un peu comme une fable."
Le film met en parallèle deux situations familiales complexes : "Hector comme Alex sont tous deux dans une démarche de sacrifice...", explique Stephan Carpiaux, qui ajoute : "En voulant aider à tout prix son père, Alex ne fait que raviver une douleur enfouie mais pas disparue chez Franck. Voir sa fille ressembler de plus en plus à sa femme va le plonger dans un trouble profond. Lors de la mort de Sarah, Franck a voulu faire face et n'a pas fait son travail de deuil (...) Hector, de son côté, va se retrouver dans la même situation, incapable d'accepter l'idée que sa tante meure. La peur de la solitude est aussi un des thèmes-clefs du film (...) Alex et Hector partagent en fait les mêmes symptômes de dépendance affective vis à vis de leurs proches..."
La musique occupe une part importante dans le film. D'une part, le personnage d'Alex est un passionné d'opéra (on entend d'ailleurs un extrait de La Somnambula de Vincenzo Bellini). D'autre part, comme le souligne le réalisateur, "C'est sur un morceau d'Ella Fitzgerald qu'[Alex] tentera d'éprouver sa féminité auprès de son père..." Notons enfin la présence dans la bande-son de morceaux interprétés par de deux groupes belges d'aujourd'hui : les Girls in Hawaii et Soldout.
L'actrice britannique Claire Johnston, qui incarne la redoutable Irène, n'est pas totalement inconnue des spectateurs français puisqu'elle est déjà apparue dans la comédie à succès Mariages !.
Les Fourmis rouges est aussi le titre d'un court métrage tourné en 1995 par Pierre-Erwan Guillaume, le réalisateur de L'Ennemi naturel.