Ozon frappe fort. Avec ce mélo décomplexé et metafilmique, sous la forme de déclaration d'amour à l'Hollywood de l'âge d'or, l'auteur du bouleversant Le temps qui reste prouve qu'il est bien le seul en France, avec des gens comme Jacques Audiard, Podalydes ou Despleschin, à savoir se renouveler tout en produisant une oeuvre esthétiquement engagée.
Angel aurait pu crouler sous le poids des références, or ce n'est pas le cas, tellement le cinéaste s'est approprié son sujet : même si les références au genre (de Autant en emporte le vent aux grands mélos flamboyants de Douglas Sirk) sont prégnantes, jamais il ne cède aux sirènes du copier-coller comme aurait pu le faire (et l'a fait !) Steven Soderbergh pour le film noir; il s'inscrit, tant sur la forme que sur le fond, dans la lignée des maîtres hollywoodiens des années 50 et inscrit sa vision dans une "esbroufe mélodramatique" aux portraits et descriptions dégoulinants de figures picturales, aux antipodes de ce qu'a pu faire Sofia Coppola sur Marie-Antoinette. Ici, rien n'est laissé au hasard. Si Ozon assume le statut de mélodrame, il se permet de mettre en scène une anti-héros comme il les affectionne(typiquement ozonienne, tel Romain dans Le temps qui reste ou encore le personnage de Stephane Freiss dans 5x2), d'où un certain décalage, nous permettant de mieux apprécier la lecture au seconde degré et laissant la possibilité au cinéaste de mieux se concentrer sur sa mise en scène (d'une maîtrise tout bonnement éblouissante).
Là où l'on peut mesurer l'ampleur de la réussite de Ozon réside dans sa capacité à émouvoir de la destinée de quelqu'un de finalement détestable. En celà, la prestation de Romola Garai est inouie de justesse, pour un rôle vraiment "casse-cou". De par sa grâce naturelle, l'étendue de sa "palette dramatique" et la manière dont elle irradie(et crève)l'écran, elle constitue la grande révélation de l'année, une petite perle telle qu'il en existe tous les quarts de siècle...à suivre sur mon blog