Le réalisateur Kambozia Partovi a choisi un relais routier comme lieu d'action de son Café transit. Il s'explique sur ce choix : "Il me semble que pour vivre, l'homme a deux besoins essentiels : la nourriture et l'émotion. La nourriture pour répondre à ses besoins physiques et les émotions pour répondre à ses besoins spirituels - et ceci peu importe sa culture, sa religion, sa langue... J'ai beaucoup repensé à cette nouvelle de Guy de Maupassant que j'avais lue dans ma jeunesse dans laquelle un jeune homme affamé était recueilli par une famille qui lui donne à manger. Petit à petit, il développe des sentiments pour la femme qui l'a nourri. Ce genre d'histoire peut se passer n'importe où. Le fait de réunir différentes langues n'était pas un obstacle pour exprimer les émotions de chacun, bien au contraire. La différence de langue n'a jamais empêché les êtres humains d'avoir des relations émotionnelles. Et puis, dans cette histoire, la femme est dans une société patriarcale et c'est pour être autonome qu'elle décide de relancer le café routier dans lequel elle pourra se faire accepter et s'affirmer parmi des hommes de nationalités, langues et cultures différentes. Elle sera plus facilement reconnue comme quelqu'un d'indépendant par ses clients que par les hommes de son village."
Avec Café transit, le réalisateur Kambozia Partovi évoque sa vision des femmes iraniennes. Il explique : "Les Iraniennes, notamment dans les petites villes et en milieu rural, ont développé une forme de résistance à la relation traditionnelle entre les hommes et les femmes, contre la dominance des hommes. Mais tradition de lévirat est toujours présente. J'ai rencontré une femme dans un festival après la projection du film qui est venue me dire que cette histoire était exactement ce qui est arrivé à sa soeur après le décès de son mari. Un autre exemple : au moment du tournage, je faisais répéter la scène où la femme de Nasser demande la main de Reyhan. J'ai commencé à expliquer à l'actrice qui interpètait la femme de Nasser, une actrice non-professionnelle - mais elle m'a arrêté en disant qu'elle connaissait cette situation et cette émotion, elle l'avait vécue, il y a trois ans."
Le réalisateur Jafar Panahi, collaborateur de longue date de Kambozia Partovi, a participé au montage de Café transit.
Kambozia Partovi, le réalisateur de Café transit, s'est imposé, ces dernières années, comme l'un des scénaristes les plus intéressants d'Iran avec notamment l'écriture de deux longs métrages acclamés de Jafar Panahi, Le Cercle, Lion d'Or à Venise 2000, et Le Ballon blanc, Caméra d'Or à Cannes en 1995.
Fereshteh Sadre Orafaei, l'actrice principale de Café transit est l'épouse du réalisateur Kambozia Partovi. Ce n'est pas la première fois qu'elle collaborent avec son mari, puisqu'elle a été assistante à la réalisation sur Le Cercle de Jafar Panahi, d'après le scénario de Kambozia Partovi.
Café transit a été présenté dans de nombreux festivals internationaux parmi lesquels le Festival International de Toronto 2005 et le Festival des 3 continents de Nantes, la même année. Le long-métrage a également reçu de nombreux prix, comme celui du Meilleur scénario et de la Meilleure actrice, pour Fereshteh Sadre Orafaei, au Festival de Fajr, ou le Prix FIPRESCI au Festival de Dhaka.