Une jeunesse comme aucune autre a été présenté lors de la 9ème édition du Festival Indépendance(s) et Création et a été sélectionné pour le 28ème Festival International du Cinéma méditerranéen de Montpellier, le Festival du Cinéma de la Roche sur Yon et a reçu le prix CICAE du Forum Berlin 2006. A ce propos, le jury du prix CICAE déclare : "Le film raconte une réalité du conflit qui ne nous avait pas encore été montrée : les jeunes filles dans l'armée israélienne. Grâce au casting, à l'interprétation et à une photographie remarquables, le spectateur s'identifie aux personnages féminins, tous très différents. Les réalisateurs ne prennent pas parti politiquement, ni pour Israël, ni pour la Palestine, mais ont choisi un angle humaniste pour montrer les effets de la peur et de la hiérarchie sur les jeunes femmes. Le film rend l'atmosphère de Jérusalem avec réalisme et sans sentimentalisme, il est passionant à regarder et nous le recommandons pour tous les publics européens."
Dalia Hager raconte comment l'idée de ce film leur est venue : "A l'époque où nous écrivions ensemble des séries pour la télévision, nous développions le thème de l'amitié pour nos personnages féminins. Nous est apparu que les fortes amitiés se tissaient souvent à partir du service militaire. Vous conviendrez que le service militaire chez les femmes est rarement évoqué. Vidi ayant accompli son service en patrouillant à Jerusalem, de là est née l'idée de Une jeunesse comme aucune autre."
En confrontant les deux héroïnes à des situations délicates, les réalisatrices ont souhaité dénoncer plusieurs choses, comme l'impossibilité "de faire parfaitement son travail malgré l'exigence que l'on a de faire. Cela montre aussi l'attitude des hommes envers les femmes" selon la réalisatrice. Elles ont aussi voulu décrire "le racisme dû à l'occupation".
Le film soulève la question de la place de la femme dans la société israélienne. Pour Dalia Hager, "En temps que femme qui vivons en Israël, nous entretenons le mythe militaire comme tous les autres citoyens de ce pays. Nous vivons à côté du "mâle" combattant, en tant que mère, femmes, fiancée, compagnons d'armes, nous les soutenons. Renoncer à ce schéma serait perçu comme une trahison. Ceci étant, nous ne sommes pas au coeur du mythe mais plutôt à la périphérie, ce qui nous permet de réfléchir à l'importance du service militaire au regard de notre propre vie."
C'est en passant par le service militaire que l'on peut accéder à des fonctions élevées dans la société israélienne. La cinéaste témoigne : "Le grand problème en Israël est que le service militaire est un tremplin pour d'importants emplois dans la vie professionnelle – les généraux deviennent premiers ministres – Ariel Sharon, Yitzhak Rabin, etc. – et présidents de puissantes sociétés. Puisque la majorité des femmes occupent des positions inférieures dans l'armée, elles occuperont aussi plus tard des emplois inférieurs. Par ailleurs, les Israélo Arabes, qui ne servent pas dans l'armée, ont le même problème."
La réalisatrice Dalia Hager revient sur l'angle qu'elles ont voulu donner à leur film : "Nous avons choisi l'angle humaniste intentionnellement. C'est un film, pas un pamphlet politique. Nous voulions provoquer une réflexion et non pas imposer une pensée. C'est ainsi qu'à travers l'écriture et la mise en scène, nous avons volontairement toujours privilégié l'individu avec ses désirs et ses faiblesses."
Lors du casting, plus de 200 jeunes filles de 20 à 25 ans se sont présentées. Trente ont été sélectionnées. Dalia Hager raconte comment s'est déroulé le choix final : "le service militaire n'était pas un critère de sélection, mais plutôt un sujet de discussion pour les connaître mieux. Nous voulions des actrices qui avaient encore des physiques de jeunes filles. Smadar et Naama avaient peu d'expérience professionnelle mais il était de notre volonté de ne pas avoir de visages trop connus pour les héroïnes, afin de garder une authenticité."
Comme son personnage, " Naama avait servi dans l'armée à l'endroit même où nous avons tourné la base militaire. Elle était très heureuse d'y revenir en tant que citoyenne libre, car elle y avait beaucoup souffert (cet endroit est le Musée de Résistance des Prisonniers, et elle avait servi de guide). Smadar, elle, n'avait pas fait son service", se souvient la cinéaste.