Les Lois de la famille a été présenté en 2006 au Festival de Berlin. Il a fait l'ouverture de la section Panorama.
Après Le Fils d'Elias, Daniel Burman poursuit son étude des rapports père/fils. A propos de ce nouvel opus, il précise : "Après avoir achevé le tournage du film, j'ai lu une phrase de Truffaut que j'ai trouvée fascinante. Il disait que le moment le plus important de la vie d'un homme survient quand il découvre que ses enfants sont plus importants pour lui que ses parents. J'ai aussitôt compris que c'était l'idée principale du scénario des Lois de la famille. Lorsque les enfants arrivent dans votre existence, une certitude s'impose. À mesure qu'ils grandissent, vous vous approchez de la fin de votre vie (...) Dans Le Fils d'Elias, il y avait un père absent et une construction identitaire qui se déroulait en l'absence de ce père. Il en résultait une inévitable confrontation entre le père retrouvé et le fils provoquant chez ce dernier une véritable crise d'identité. Dans Les Lois de la famille, c'est plutôt la crise d'identité causée par la naissance de nos enfants que j'ai voulu explorer."
Le cinéaste dirige une nouvelle fois son comédien-fétiche Daniel Hendler. Héros d'En attendant le Messie et du Fils d'Elias, ce comédien uruguayen né en 1976 avait décroché pour sa prestation dans ce dernier film le Prix d'interprétation au Festival de Berlin en 2004. Il tenait également un petit rôle dans Toutes les hôtesses de l'air vont au paradis.
Le cinéaste revient sur sa fascination pour le thème de la paternité : "J'ai toujours eu le pressentiment, corroboré depuis, que la paternité est un concept qui relève de la pure fiction. L'enfant vient au monde et, pratiquement sans voir sa mère, il s'accroche à son corps et sait instinctivement s'alimenter. L'univers qui l'entoure est extrinsèque et ne possède pas de langage propre. C'est au père qu'il incombe de construire cet univers. S'il n'en tenait qu'à eux, les enfants resteraient accrochés à leur mère pendant plusieurs années. En tant que pères, nous revêtons la même importance que la préposée à l'accueil et l'infirmière de la maternité (...) les pères ne savent pas réellement comment s'y prendre. Et je ne parle pas de changer les couches ou donner le biberon, mais bien de bâtir une relation. Il ne se connaît pas lui-même et ne nous reconnaît pas encore. D'une certaine manière, on crée de la fiction. Ça a beaucoup à voir avec le cinéma. Inventer quelque chose qui n'existe pas, c'est comme faire un film."
Pour parler de la relation complexe qui unit les Perelman père et fils, Daniel Burman a recours à une métaphore... astronomique. "C'est comme si les deux personnages étaient des planètes. Perelman père au centre et le fils en orbite autour, tel un satellite. Entre les deux, il y acette distance. La force d'attraction de la planète centrale est si forte que si le satellite tente de s'en affranchir, de s'en éloigner, il finit par être complètement absorbé par le centre. C'est la faiblesse du fils. En revanche, lorsque Perelman père tente de s'éloigner de Perelman fils et de briser l'image qu'il a du fils idéal, il réalise à son tour qu'il ne sait pas s'y prendre. C'est là qu'il commence à s'embourber dans des réponses ambiguës, plutôt que d'y aller d'explications claires."
Le personnage principal n'a pas de prénom, et se fait uniquement appeler Perelman fils. "Ca, c'est autobiographique", confie le réalisateur. "Mon fils de trois ans m'appelle Burman. Cela dit, il m'apparaissait intéressant que les deux personnages s'appellentPerelman, question de se prêter aux jeux de la confusion et des conséquences qu'elle génère. Dans le scénario, la voix hors champ de Perelman fils dit : "Nous sommes presque identiques. Une seule chose nous distingue : je veux changer !" C'est une jolieréplique ; elle sonne juste, mais j'ai décidé de la couper, parce qu'elle est trop explicite."
Pour la musique du film, le cinéaste a fait appel, comme pour ses précédents films, à César Lerner, musicien né en 1960, qui s'attache à faire (re)découvrir au public latino-américain le style klezmer. Il s'agit de la musique traditionnelle des Juifs d'Europe de l'Est. Daniel Burman estime d'ailleurs que "le klezmer est une synthèse extraordinaire de l'histoire du peuple juif".