The Hawk is Dying - Dressé pour vivre a été présenté en 2006 au Festival de Cannes, dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs, ainsi qu'au Festival de Sundance.
Le rapport de l'homme à la nature est un des thèmes centraux du film, comme l'explique le réalisateur : "Henry Miller a écrit un essai sur la culture américaine intitulé Le Cauchemar climatisé dans lequel il affirme que le divorce entre l'homme et la nature n'est nulle part aussi parachevé qu'aux Etats-Unis. 60 ans plus tard, aucune réconciliation n'a eu lieu entre les deux à l'évidence. C'est alarmant, je pense. Et c'est un des arcs dramatiques du film. Ce divorce, cette séparation, circule tout le long du film. Il faut qu'on reconsidère cette situation. Et George Gattling, à travers ce faucon, prend la mesure de cette problématique, de son rapport à ce qui est sauvage. Etant donné que George n'a pas la volonté de s'exiler en Alaska pour réaliser ses rêves à la Jack London, ce contact avec l'état sauvage vient à lui et lui sert d'intermédiaire."
C'est la première fois que l'oeuvre de Harry Crews est portée à l'écran. Né en 1935 en Georgie dans une famille très pauvre, cet homme au parcours chaotique, très éprouvé par la noyade de son fils aîné en 1964, dépeint l'Amérique profonde dans des ouvrages tels que Le Chanteur de gospel, La Foire aux serpents, La Malédiction du gitan ou Le Faucon doit mourir -dont est tiré le film de Julian Goldberger. Ecrivain-culte, il fit un cameo dans The Indian Runner de son ami Sean Penn, acteur-réalisateur qui avait acheté les droits d'un de ses romans, The Knockout artist (Le Roi du KO). Goldberger, qui confie n'avoir rencontré l'écrivain qu'une seule fois, décrit ainsi son travail : "Il dépeint des personnages qui soumettent leur corps à toutes sortes de travaux herculéens afin de pouvoir s'affirmer dans un monde qui leur semble antagoniste et indifférent au fait même qu'ils existent."
The Hawk is Dying - Dressé pour vivre est le troisième long métrage de Julian Goldberger après Trans, primé à Berlin en 1999, et le documentaire The Eulipion Chronicles. Avant de devenir réalisateur, il avait étudié le cinéma et l'art dramatique à la Florida State University's School of Theatre et pris des cours de comédie à l'institut Strasberg de New York.
Le réalisateur parle de son admiration pour son acteur, Paul Giamatti : "Je pourrais dire tant de choses élogieuses sur Paul qu'un livre n'y suffirait pas. C'est un acteur sans peur et ses différents visages ainsi que la manière dont il aborde son travail ont été indéniablement une source d'inspiration. Le voir incarner le personnage de George Gattling a été quelque chose de proprement époustouflant. Dans le même temps, c'était très perturbant de le voir trimballer la douleur de ce personnage. Quand la caméra tourne, vous devez être le témoin des situations que vous avez écrites et que vous mettez en scène et vous vous devez de ressentir ce que les personnages éprouvent prise après prise."
Alors que c'est souvent le sud de la Floride (par exemple Miami) qui est représenté au cinéma, Julian Goldberger a choisi de situer l'action de son film au coeur de cet Etat. "C'est (...) une région unique car elle est hantée par son passé", justifie-t-il. "Elle a conservé la texture et les nuances du Vieux Sud : des maisons lézardées, des camps de pêche, des baraques à frites, des boutiques d'alimentation et des terrains vagues ; bref des îlots résistant à la modernisation. Quant aux chênes centenaires et à la mousse les recouvrant, ils forment des ornements gothiques et finissent de parachever le tableau. Le coeur de la Floride est un endroit calme. Il n'est sujet à aucun empressement ni aucune frénésie. L'énergie qui se dégage de ce lieu provient des marais, des terres inondées et s'infiltre partout avec une tranquille férocité. Ce sont ces aspects de cette région qui m'ont inspiré et qui nous renseignent sur les personnages."
Pour la préparation du film, Julian Goldberger et son chef-opérateur ont étudié le travail de deux photographes : Todd Hido ("en particulier ses éclairages et ses clichés de nuit", précise le réalisateur) et Clarence John Laughlin. Goldberger note, à propos de ce dernier : "Il s'agit plus d'un photographe visionnaire qui a saisi les aspects fantasmagoriques voire les fantômes de cette région [le vieux Sud des Etats-Unis] et de ses milieux."