Comme le précédent film d'Emmanuel Mouret, Vénus et Fleur, Changement d'adresse a été présenté au Festival de Cannes, dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs. Ce troisième opus a été très remarqué sur la Croisette.
Connue des téléspectateurs grâce à son personnage de Dorothy Doll dans La Minute blonde, programme humoristique diffusé dans l'émission Le Grand journal sur Canal plus, Frédérique Bel a fait sa première apparition au cinéma en 2000 dans Deuxième vie de Patrick Braoudé. Depuis, on l'a aperçue chez Harel (Tu vas rire mais je te quitte), Klapisch (Les Poupées russes) ou Fabien Onteniente, qui lui a offert un rôle plus conséquent dans sa comédie à succès Camping. Dans Changement d'adresse, elle incarne l'un des personnages principaux, une première pour l'actrice : "C'est très confortable d'avoir un peu de place, un peu de temps pour faire évoluer un personnage. J'ai eu au cinéma des rôles assez monolithiques, caricaturaux, car souvent courts", confie-t-elle, avant d'ajouter : "(...) ce film tombe au bon moment. J'avais envie de sortir de l'hystérie de mon personnage de "blonde" et seul un film d'auteur comme celui-ci pouvait me faire respirer."
A propos du mélange d'humour et d'émotion qui caractérise son film, Emmanuel Mouret explique : "J'aime beaucoup qu'une musique soit sautillante ou légère et que, d'un coup, elle soit traversée par un courant plus sombre ou mélancolique, pour ensuite repartir dans des soubresauts plus entraînants. C'est mon goût ! Pour moi, le cinéma et la musique sont avant tout une affaire de variation et de contrastes. La légèreté enrichit une émotion plus profonde. Et vice-versa : la profondeur enrichit la légèreté." Poursuivant la comparaison entre cinéma et musique, il précise : "J'ai essayé de composer le scénario et le casting comme un quatuor où chaque instrument contraste gaiement avec l'autre. J'ai cherché à ce que la ligne mélodique de chaque personnage varie entre le début et la fin. Mes choix sont beaucoup guidés par ces jeux d'accord, d'opposition, de résonance, de sonorité."
Avec ce troisième long métrage, Emmanuel Mouret affiche une nouvelle fois son goût pour le burlesque, une passion qui remonte à ses plus jeunes années : "Enfant, mon amour du cinéma a commencé avec le burlesque et cela ne m'a pas quitté !", constate-t-il. "Je trouve que la maladresse est extrêmement belle, touchante, cinématographique, plaisante à voir. Elle est ainsi pour moi l'expression la plus profonde de l'homme : un être dans un monde qui lui est étranger et auquel il essaie de s'adapter. Dans le burlesque, les personnages se cassent la figure mais ils se relèvent toujours l'air de rien, comme si les compteurs étaient remis chaque fois à zéro. En cela, Anne et David sont des personnages hérités du burlesque. Même dans le plus grand désarroi, ils gardent beaucoup d'espoir et n'accusent jamais la vie ou les autres. Là est la grande élégance des personnages de burlesque, ils n'ont aucune rancoeur !"
Chanteur populaire, Dany Brillant désirait depuis longtemps jouer la comédie : avant d'être connu comme crooner, il fut même élève au Cours Florent, avec pour professeur Francis Huster. D'ailleurs, Suzette, la chanson qui l'a rendu célèbre, avait été à l'origine écrite pour un film : On a volé Charlie Spencer ! réalisé par Francis Huster en 1986... Mais le morceau n'a pas été retenu, et les scènes dans lesquelles figurait l'aspirant comédien furent coupées au montage... En 1995, le mélomane Alain Corneau lui avait confié le rôle d'un chanteur dans Le Nouveau Monde. Dans Changement d'adresse, l'auteur de Quand je vois tes yeux campe un séducteur sûr de lui face au maladroit Emmanuel Mouret. Comparant la relation entre ces deux personnages avec le tandem Vittorio Gassman-Jean-Louis Trintignant dans Le Fanfaron de Risi, il note : "(...) lorsque je chante, je suis dans un registre, un rôle. D'ailleurs, je dis souvent que Dany Brillant est un personnage que j'ai inventé, ce n'est pas vraiment moi, c'est comme un intrus. J'aime bien explorer un côté plus sombre. Je suis un fan de Sinatra, Dean Martin, Yves Montand aussi, qui étaient à la fois des crooners et des acteurs. On les retrouvait souvent dans des rôles de mecs inquiétants. Ce qui est intéressant à jouer, c'est l'ambiguïté."
Sur sa double casquette de réalisateur et acteur, Emmanuel Mouret précise : "J'ai joué dans plusieurs de mes courts métrages et dans mon premier long métrage. J'ai l'impression que cela donne une identité plus particulière à un film quand le réalisateur joue dedans, il livre une part plus importante de son intimité. Truffaut disait que lorsqu'il jouait dans un film, il avait l'impression que le film était écrit à la main plutôt qu'à la machine !"
Comme dans les films précédents d'Emmanuel Mouret, le producteur Frédéric Niedermayer fait une brève apparition dans Changement d'adresse. Cette fois, il joue le rôle de l'individu qui tente de dérober le sac de Julia...