Un film évidemment très spécial à noter, doté d’un humour belge très sensible, et qui, quoique surprenant, peine quand même à vraiment assumer le format long.
En effet, l’histoire n’est pas terrible. Je ne parle pas tant du fond, ma foi on peut faire quelque chose avec parfois rien, mais là le souci c’est la narration. C’est presque plus un film à sketch qu’un vrai long-métrage. En plus ça tire parfois en longueur niveau gags, car on sent bien qu’il faut atteindre la durée requise pour assumer le format, pour un film déjà court (1 heure 20), alors que ce n’est pas vraiment conçu pour. Maintenant l’humour est original, dans une vaine clownesque et absurde assumé. C’est vraiment spécial, il faut apprécier, pour ma part, dans son registre, ce film est typé, et je l’ai trouvé souvent subtil.
Les interprètes savent manifestement ce qu’ils font. On sent des gens de la scène, peut-être moins des acteurs. On pourrait très facilement imaginer leur numéro sur des planches, dans un cabaret, c’est vrai que le passage cinématographique n’apporte pas un gros plus, dans le sens où ils sont plutôt monolithiques, ils ne parlent pas, bref, un peu tout ce qui contraste normalement avec les qualités reconnues d’un acteur. Par contre travail de mime appréciable, et sens de l’espace.
Formellement le film séduit par sa mise en scène très recherchée. Niveau cadrage, choix des plans, c’est vraiment pensé et travaillé, là-dessus pas de souci, c’est pointu, et ça colle bien au style du film, à son côté décalé, presque expérimental par moment. Bon travail aussi sur les couleurs, et malgré un budget que l’on imagine restreint le film propose aussi un travail agréable sur les décors, qui crée une ambiance singulière, tout en étant finalement très simples. En revanche rien à signaler côté bande son.
Pour être honnête L’Iceberg n’est pas fondamentalement un chef-d’œuvre, mais j’ai trouvé que c’était un film original, qui apporte une certaine fraicheur (sans jeu de mot) au cinéma. C’est un film assez expérimental par son style, mais qui ne cède jamais à l’abstraction, et c’est un bon point. Je ne trouve pas vraiment que le passage cinématographique apporte grand-chose à des acteurs qu’on imagine beaucoup plus comme des artistes du spectacle vivant, et je ne trouve pas que le long format soit adapter à leur approche scénique, mais c’est plaisant. 3.5, mais à condition d’être sensible à ce style.