Costa-Gavras a coécrit le scénario et cela se sent. Engagé, courageux et franc, « Mon colonel » n'hésite pas à poser le doigt là ou ça fait mal, la Guerre d'Algérie restant un sujet toujours sensible en France. Les enjeux sont ainsi réels et intéressants, que ce soit la relation complexe entre Guy Rossi et Raoul Duplan, tous deux fort bien interprétés par Robinson Stévenin et Olivier Gourmet, ou plus généralement le sort du pays, où deux visions différentes du colonialisme s'opposent. De plus, Laurent Herbiet a eu la belle idée d'illustrer en noir en blanc toute la partie algérienne, donnant au film un côté authentique et élégant. Reste que j'en suis sorti un peu frustré, l'impression d'inachevé dominant presque. Cela a beau être du très beau travail (pour un premier long-métrage, c'est plus qu'honorable), ce n'est finalement presque « que » ça, la démarche restant ambitieuse, mais manquant paradoxalement de passion, n'allant pas au bout de son propos anti-militariste face aux horreurs qui ont alors pu être commises. A noter d'ailleurs une fin décevante (bien qu'au fond logique) ne faisant que confirmer cette impression. Reste que tout le monde en prend (quand même) un peu pour son grade, François Mitterrand le premier, et l'atmosphère est bien rendue, tout comme les décors, sans oublier une galerie de seconds rôles parfois inattendue mais convaincante (Bruno Solo, Guillaume Gallienne, Philippe Chevalier!). Inabouti donc, mais néanmoins très fréquentable.