Les films ayant la guerre dAlgérie pour décor et sujet sont particulièrement rares, aussi ne peut-on quêtre intéressé par une tentative romanesque de mettre en scène les événements, comme on a longtemps appelé cette guerre, où la torture était quotidienne, conseillée par nos politiques, appliquée par nos militaires, et acceptée par la plupart, puisque nécessaire... De telles horreurs nont plus cours, bien sûr. Et larmée est une colonie danges innocents, et nos élus sont tous honnêtes et ne cachent rien. Bien sûr.
Le film expose la rapide dérive vers lemploi de la torture, sans complaisance ni concessions. Cest sobre, presque froid. Les personnages algériens (indigènes, comme il est dit !) ne sont que des faire-valoir. Lessentiel de lintrigue repose sur lopposition entre un colonel et un lieutenant (si vous êtes comme moi, à ne rien connaître des degrés de hiérarchie dans larmée, un colonel est plus chef quun lieutenant, mais moins quun général) à propos de la collecte des renseignements, qui sous-entend des méthodes tenant de la terreur. Cette opposition tend peu à peu vers la tragédie. Elle est montrée de façon un peu trop théorique, avec des dialogues très écrits, au travers de situations symboliques et un peu trop démonstratives.
La respiration vient dune jeune femme, employée au ministère de larmée, qui, de nos jours, doit enquêter sur les deux personnages. Elle semble posée là pour nous rassurer, pour shorrifier et sindigner à notre place. Elle apporte peut-être un peu trop de confort au spectateur, tissant sur le film comme un voile, pour ne pas avoir à tout montrer. Du coup, lensemble devient un peu trop doux, perd de sa force à vouloir être subtil.