Honnêtement j’avais très peur avec ce film ! Titre d’un didactisme confondant, scénario qui a l’air bien mou du genou, bref, rien de bien fameux. Finalement, Becker livre un métrage plutôt gentillet, pas déplaisant, mais assez quelconque.
Dialogue avec mon jardinier profite surtout d’un charme élégant sur la forme. Becker n’est pas un metteur en scène très tranchant en général, mais il raffole de ces petits moments d’intimisme, et ses décors naturels sont généralement bien valorisés. Ici, s’emparant d’un coin de verdure bucolique, sur lequel il aurait pu davantage insister, il utilise intelligemment la lumière fraiche et naturelle pour baigner son film d’une ambiance légère et délicate. Pour tout dire la jaquette du DVD rend bien compte de l’esthétique du film, un film sur lequel plane le charme lumineux et coloré d’une toile impressionniste, avec, en musique, une bande son légère mais finalement très quelconque.
Le film possède un casting réussi, et c’est heureux vu que c’est l’atout maître d’un film qui s’avère, au final, une pièce de théâtre à deux, ou presque ! Daniel Auteuil est très convaincant, comme souvent, portant son personnage avec subtilité et intelligence. Il fait preuve de la sensibilité nécessaire pour ce personnage, et fait face à un Jean-Pierre Darroussin qui m’a fait belle impression. C’est un acteur qui me transporte généralement un peu moins qu’Auteuil, mais ici, trouvant un rôle simple mais bien écrit, il convainc sans difficulté, apportant lui aussi la finesse nécessaire, et étant même un peu plus profond dans son interprétation qu’Auteuil, spécialement dans la dernière partie. Pour le reste c’est toujours un plaisir d’avoir un si charmant casting, avec la toujours charmante Fanny Cottençon, entre autres !
Le scénario est assez plat, c’est un fait. On avance pépère dans l’amitié entre Auteuil et Darroussin, sans heurt ou presque jusqu’au dernier quart d’heure, et pour tout dire cette stagnation finit parfois par peser, malgré quelques beaux dialogues. Il n’y a pas ici le même enjeu que celui qu’il pouvait y avoir par exemple dans La Tête en friche où la relation entre les personnages impliqués des évolutions spécifiques, et permettait de construire quelque chose. Là, c’est trop monocorde, et si on se doute bien qu’un grain de sable va arriver, et bien on attend tout de même longtemps avant que ça ne se passe. Une fin qui d’ailleurs est assez prévisible, on peut l’anticiper vite, et elle est traitée avec pas mal de mollesse de la part de Becker. En fin de compte, Dialogue avec mon jardinier manque d’humour, manque de gravité, et s’il y a des moments d’émotion pas désagréables, c’est un film assez plat qui se repose trop sur son charme visuel. Mais ce n’est tout de même pas vraiment ennuyeux, et la deuxième partie est à mon sens mieux écrite que la première, plutôt clichée.
En somme, Dialogue avec mon jardinier est un film très classique, sans grand relief a priori, mais qui bénéficie heureusement du savoir-faire des acteurs, d’une réalisation correcte, et qui offre, dans son histoire, quelques jolis moments qui, à n’en pas douter, toucheront les amateurs du cinéaste. 2.5