Solitaire a successivement été présenté au festival de Sitges en 2007 et en Compétition à Gérardmer en 2008.
C'est en entendant parler d'un crocodile solitaire qui s'en prenait à des chalutiers du Northern Territory que Greg McLean eut l'idée de ce film. "Les journaux évoquaient plusieurs attaques de chalutiers entre septembre 1978 et juillet 1979 par un énorme crocodile mâle surnommé "Sweetheart" par les gens du coin, explique le réalisateur. La première attaque a eu lieu en 1974. Trois personnes étaient en train de pêcher sur un bateau la nuit lorsque le crocodile les a surpris, a planté ses crocs dans le moteur et a secoué le bateau violemment. L'un d'entre eux a été jeté par-dessus bord mais a réussi à se hisser de nouveau à l'intérieur. Lorsqu'un autre a redémarré le moteur, le crocodile s'en est pris à l'hélice. En 1976, une attaque du même genre s'est produite. Cette fois, le crocodile a endommagé le carénage et percé la coque en aluminium. La même année, il a heurté un chalutier par le fond, l'a renversé, puis a refait surface. En 1978, il a attaqué un bateau qui était amarré, endommageant le moteur, et a coulé un chalutier. Au final, les gens du coin ont décidé de le neutraliser parce qu'il représentait une menace pour les pêcheurs de la région. Sweetheart a été attrapé en juillet 1979 et il est mort peu après avoir été capturé. Son squelette, mesurant plus de 5 mètres de long, est désormais exposé au Northern Territory Museum."
En écrivant, réalisant et produisant Solitaire, Greg McLean a souhaité rendre hommage aux films de monstre de son enfance, dont Northern Safari, un long métrage mis en scène par l'australien Keith Adams. "Ce petit film auto-financé, qui était projeté dans toutes les mairies et les écoles australiennes, racontait les aventures d'une famille dans le nord du pays à la fin des années 60, explique le cinéaste. On y voyait des buffles, des paysages extraordinaires et d'énormes crocodiles - ces images ont fait germer des tas d'histoires dans mon esprit, des histoires de lieux mythiques pleines de créatures monstrueuses qui se déroulaient dans mon propre pays : l'Australie."
Solitaire existe sur le papier depuis 1997. Greg McLean avait écrit la première version du scénario en cinq semaines sur un ordinateur qu'il avait emprunté, malheureusement il dut attendre pas mal d'années pour voir son projet se concrétiser. C'est grâce au succès de Wolf Creek qu'il put réunir le budget nécessaire au film. "Wolf Creek m'a ouvert des horizons inouïs, se souvient le réalisateur. Un an plus tôt, je vivais littéralement dans mon bureau, je dormais sur un canapé parce que j'essayais de décrocher le financement d'un film à petit budget. Peu après, je me suis retrouvé à Los Angeles et j'ai rencontré Brad Pitt qui m'a dit "Mon vieux, j'ai adoré votre film." Je me suis dit que c'était peut-être le moment de ressortir mon vieux projet et d'aller voir les studios en leur demandant "Vous aimez les crocodiles ?" C'est ainsi qu'en très peu de temps et avec le soutien des frères producteurs Weinstein, le cinéaste est passé d'un budget de 1,38 million de dollars (australiens) pour Wolf Creek à 25 millions pour Solitaire.
Les effets visuels du film ont été créés par la société australienne Creature Workshop. Cette entreprise concevant et mettant au point toutes sortes de créatures fantastiques et d'animaux a notamment été sollicitée pour Les Chroniques de Riddick et Zig-Zag. Elle a également collaboré à The Host du Coréen Joon-ho Bong, Love Story 2050 et L'Ile de Nim. John Cox, le dirigeant de Creature Workshop, a décroché l'Oscar des Meilleurs effets visuels pour Babe, le cochon devenu berger en 1995.
Pendant la phase d'écriture, Greg McLean remplissait de petits albums d'images et rassemblait tout un tas d'objets qui l'aidaient à se concentrer sur le style et la caractérisation de ses personnages. "On m'a conseillé de confier le rôle de Kate à Radha Mitchell très en amont du projet, et je n'ai pu penser à personne d'autre après coup, raconte le cinéaste. Pour moi, elle a une vraie présence à l'écran et elle incarne le personnage de manière totalement vraisemblable." "J'ai découvert Michael Vartan dans la série "Alias", poursuit-il. On s'est parlé au téléphone et, à un moment donné, j'ai joué le tout pour le tout et je lui ai dit "Ecoute, je préfère te prévenir que ce tournage ne va pas être de tout repos. Il n'y aura pas de caravanes, mais il y aura de vrais crocodiles, des serpents et des moustiques. Je ne suis pas sûr que tu aies vraiment envie de tourner ce film..." Cela l'a intrigué. Et puis, il a vu Wolf Creek, il a apprécié le jeu des comédiens et il nous a donné son accord."
Pour que le tournage, d'une durée de 13 semaines, se déroule normalement, Greg McLean et son équipe devaient se déplacer dans la région du Northern Territory avant la saison des pluies. Ils disposaient de leur propre service météo qui surveillait le moindre changement climatique. D'autres scènes d'extérieurs jour furent filmées sur une île qu'ils bâtirent dans un immense lac de la région de Victoria. "On avait une armada de bateaux qui suivaient le bateau "principal" toute la journée, raconte le réalisateur. Radha Mitchell a piloté le bateau depuis le premier jour. Elle n'avait jamais navigué auparavant, mais elle a pris un cours d'une heure la veille du tournage ! Durant l'essentiel du tournage, il y avait plus de 70 techniciens répartis sur six bateaux qui sillonnaient un fleuve infesté de crocodiles, tandis que 9 comédiens et un chien se trouvaient sur une petite embarcation par 50°C loin de tout." Le tournage s'acheva dans un entrepôt désaffecté qui servait de studio.
Le réalisateur Greg McLean a de nouveau fait appel à l'acteur John Jarratt qui jouait dans Wolf Creek le rôle d'un Bushman psychopathe.
Comme avec Wolf Creek, Greg McLean utilise le genre horrifique pour mieux dépeindre la perversité humaine. Cernés sur leur petit îlot par le crocodile, les touristes vont peu à peu révéler leurs instincts primaires. "Il est plus difficile ici d'adopter un ton nihiliste, mais ça se travaille à différents niveaux. On voit progressivement ce que les gens sont capables de faire et combien cela révèle la folie humaine", confie le réalisateur.