Seagal dans un énième rôle d’ancien agent de la CIA, dans un film un peu plus original que ses films habituels, voilà ce qu’est Un aller pour l’enfer, qui reste probablement dans la moyenne haute des films de l’acteur, mais enfin, il ne faudra pas non plus avoir de grandes exigences.
Seagal déjà est dans une mauvaise passe. Il joue franchement mal, a fortiori car il a un poil plus de sentiment à exprimer. Honnêtement la tête quand on lui annonce l’enlèvement de sa fille, c’est juste risible. Il est bien à la masse, et de manière globale ce ne sont pas les seconds rôles qui vont rattraper sa piètre prestation. Si on regrettera que Sarah Malukul Lane n’apparaissent pas plus, car elle offre une interprétation surnageant clairement dans le lot, si on regrettera aussi surement que Kevork Malikyan soit lui aussi sous-exploité, en revanche pour le reste, bof. Byron Mann est un peu meilleur que Seagal mais enfin… Monica Lo tient un rôle absolument basique, tellement basique qu’elle est transparente, et Vincent Riotta fait le strict minimum. Au final, c’est une semi-déception.
Le scénario est très moyen, mais enfin, on pouvait l’imaginer. Le souci c’est que c’est au final assez le bazar, avec une conclusion risible, à base de tour de magie (si, pour de vrai) qui fait peine à voir. En fait le film part bien, il y a de l’action c’est clair, et c’est divertissant pour être honnête. Mais le scénario cherche à se complexifier pour rien, livrant une histoire peu convaincante et peu crédible, et il y a des choses hautement ridicules, le summum restant le morceau de la dernière partie totalement improbable.
Visuellement le réalisateur s’est décarcassé, et on sent quelqu’un d’expérience dans le domaine. C’est proprement fait, et je dois dire que le metteur en scène n’a finalement été handicapé, mais assez lourdement que par un point : Seagal n’a pas fait toutes ses cascades, et il ne devait pas y avoir de doublure lui ressemblant (ou alors ce n’était pas possible pour les scènes de kung fu). Et oui car Seagal est censé faire du kung fu ici, alors il saute, fait des toupies dans tous les sens, sauf que ce n’est pas lui, et donc le réalisateur film la moitié de ses scènes d’action à mi-corps, partie basse ! Outre cela, si l’action rend assez bien, l’abus de ralenti, quelques effets de style abusif, et des excès typiquement asiatiques (style Tigre et Dragon) cassent parfois un peu l’ambiance. Mais c’est violent, ferme, et généreux, avec une grandiloquence acceptable. Les décors sont attrayants aussi, et le film est servi par une photographie correcte, assez luxueuse. La bande son est peu enthousiasmante.
Au final Un aller pour l’enfer n’est pas mauvais, n’est pas non plus une réussite. Brouillon sur le fond et sur la forme aussi, j’ai surtout eu le sentiment d’assister à un spectacle qui n’assumer pas une orientation franche. L’introduction du fantastique, le mélange improbable avec les terroristes musulmans, la dimension Taken ou Commando de l’histoire qui s’entremêle à un style asiatique alambiqué pur jus, finalement c’est assez bizarre, et le ressenti mitigé. Je lui donne 2.5, car je dois dire que l’ensemble, avec ses nombreux défauts, parfois sérieux, reste tout de même divertissant, et se suis avec un certain plaisir, surtout par rapport à d’autres navets de l’acteur.