Au risque de me faire des ennemis, "Casshern" est l’exemple type du film (pardonnez-moi de l’expression mais c’est une façon de détourner la phonétique du titre) "casse-burnes". Il y a tellement de choses qui m’ont déplu que je ne sais par où débuter cet avis. Alors je vais commencer par le visuel : d’entrée on prend une claque, c’est vrai. Mais pas dans le bon sens du terme pour moi. Les décors, déjà très particuliers en soi du fait que nous avons affaire à un film de science-fiction, ont une esthétique synthétique dont le grain offre un contraste insupportable d’une image sur l’autre (on le mesure notamment sur la scène de fuite en voitures). Autant vous le dire tout de suite, il va falloir vous y faire car ce film est truffé d’images de synthèse. Adapté d’un dessin animé japonais des années 70, le scénario ô combien manichéen pose clairement des questions d’éthique. Le sujet est honorable, non dénué d'intérêt, mais quand on voit de quelle façon cela a été traité, je crois qu’il faut être un peu japonais sur les bords pour apprécier. Pour les autres, la mise en scène façon théâtre mélodramatique à la grecque laisse perplexe, et la grandiloquence prêtée aux répliques agace très rapidement, tant et si bien que lorsque vous regardez la montre, vous vous apercevez avec stupeur que vous n'avez regardé que 20/25 minutes de film alors que vous pensiez avoir avancé d’alors au moins d’une heure tellement c’est lent. Cette grandiloquence peut en faire "rire" certains sur les 30 premières minutes. Si vous êtes dans ce cas, préparez-vous à vous armer de patience. Personnellement, ça m’a rapidement et copieusement agacé, à tel point que j’ai envisagé de tout stopper peu avant la première demi-heure, mais non ! Je suis un indécrottable maso cinéphile curieux, alors j’ai tenu bon, au prix de 2 heures de souffrance intolérable supplémentaires. Sans compter que le jeu d’acteurs est très inégal, et carrément mauvais la plupart du temps mais après tout, il fallait répondre à cette directive de grande pièce de théâtre (je ne blâmerai donc pas les comédiens pour ça, mais bel et bien la direction artistique). Point de vue réalisation, c’est beaucoup trop lent. C’est mou, avec des interminables longueurs pour aménager des propos d’ordre philosophique et moral. Je veux bien, mais au vu du contexte dans lequel a été implanté l’histoire, il y avait de quoi faire quelque chose de plus enlevé. Pour couronner le tout, certaines séquences ont même été tournées façon manga, avec des arrêts sur image, seuls les cheveux continuant à flotter dans le vent. Et puis nous avons un tas de flashbacks, qui ont le don de hacher le récit. On change de couleurs sans arrêt, et c’est vraiment dérangeant car ces changements ne semblent correspondre à aucune charte graphique. Je m’explique : les flashbacks sont pour la plupart diffusés en noir et blanc, pour autant la première scène en N&B n’en est pas un car il est bien dans la continuité de la narration en dépit de son intégration par le biais d’une ellipse. A propos d’ellipse, on notera en effet ces quelques raccourcis un peu faciles de temps en temps. Rien de bien intéressant en somme. "Casshern" serait-il idéal pour faire une bonne sieste ? Le début pourrait le laisser à penser, avec de superbes morceaux de piano. La musique est d’ailleurs omniprésente dans ce long métrage, seulement elle s’avère très éclectique. Lorsque viennent les scènes de combat, la musique en devient automatiquement agressive. Donc si vous êtes sur la douce pente de l’ennui et du sommeil, vous risquez de faire un sacré bond ! Cependant la musique accompagne plutôt bien l’intrigue, je le reconnais. L'existentialisme du propos est sympa, mais il n’en demeure pas moins utopiste. Et quand je dis que c’est de l’utopie, c’est un doux euphémisme. Il n'y a qu'à regarder autour de soi la véritable nature humaine : à la fois si bonne et si cruelle. Je peux comprendre que certains aiment ce film, et je respecte leur choix. Pour les autres, il y a fort à parier que "Casshern" finisse par se résumer à une bouillie numérique faite à partir de produits OGM (cuisine moléculaire, quand tu nous tiens…) totalement indigeste. Pire : à défaut d’être un peu captivante, elle pourrait venir à bout de votre patience avant même le dessert pourtant relativement surprenant.