5 ans après la catastrophe, "Vol 93" vient retracer les événements qui se sont déroulés le 11 septembre 2001, à bord du vol 93. À première vue, le sujet est donc extrêmement sensible, le long-métrage venant traiter de quelque chose qui est encore très frais dans la tête du public américain, et même dans celle du monde entier, au moment de la sortie du film. Le risque était donc de proposer quelque chose qui ne sache pas correctement aborder cet événement, et qui le dénature complètement. Mais bien heureusement, ce projet est une totale réussite. Pourtant, son approche est plutôt audacieuse, dans ce refus total de proposer un long-métrage où la fiction est très explicite. Hormis quelques séquences, on n'a jamais la sensation de voir un projet qui essaye de romancer cela, bien au contraire. Paul Greengrass a choisi de filmer son long-métrage comme s'il était un documentaire, et c'est ce qui en fait sa force. Le film ne propose que les faits, il ne va jamais chercher à rendre les Américains absolument héroïques ou à faire passer un message qui pourrait être mal interprété. Ce souhait, d'aller vers une imagerie fidèle à la réalité, est à saluer. Et dans le rendu, cela rend même le résultat encore plus impressionnant, car les séquences en deviennent vraiment glaciales à regarder, on se sent proche de ce qu'il se passe. Forcément, au niveau de la mise en scène, cela se traduit par une caméra à l'épaule pour quasiment tout le projet et une présence extrêmement discrète, voire absente, de la musique. Chaque séquence est donc extrêmement forte, on se sent emporté par cette tension. Dans la première partie du film, qui est assez naturelle et qui décrit simplement une routine qui s'installe pour nos personnages, notre connaissance des événements nous offre un sentiment assez particulier. Le fait de savoir la fin du film, alors que nous découvrons des personnages innocents et incapables de prévoir ce qui va se passer, rend le tout encore plus fort. Et quand arrive le basculement, le fait d'avoir un film qui respecte totalement ce que nous savons du déroulé des événements, amène à une ambiance encore plus forte. Quand on compare ce que propose le film, avec ce qui est réel, on se rend vite compte de la précision avec laquelle a été réalisé ce projet. On a donc un sentiment de voyeurisme malsain qui se dégage de ce long-métrage, jusqu'à une conclusion, et à un plan final, qui nous laisse une sensation extrêmement particulière en tant que spectateur. Cette approche amène certes à des problèmes si on essaye de prendre ce film comme un véritable film. Par exemple, nous n'avons aucune attache aux personnages et nous ne savons rien d'eux. Mais en vérité, même si on peut le souligner, peut-on le reprocher au film ? Très sincèrement, je ne pense pas. C'est le parti-pris qui a été choisi pour cette histoire, et je le trouve plus que légitime. Par conséquent, je vous recommande fortement ce projet. Il est assez exemplaire dans la manière de nous faire vivre ces événements, et c'est probablement l'un des meilleurs films "documentaires" que j'ai eu l'occasion de voir sur un moment aussi marquant de notre histoire. Pour conclure, un film pour ne pas oublier.