C'est lors d'une discussion sur ce qui les angoissait et les préoccupait que Pierre Salvadori et son scénariste Benoît Graffin ont eu l'idée de ce film. Le réalisateur raconte ce qu'il en est ressorti : "Le triomphe du pragmatisme sur tout, le pessimisme ambiant qui peut nous faire basculer à tout moment dans le cynisme et nous amener à nous dire que finalement, pour gagner une place au soleil, tous les moyens sont bons". Les personnages se sont construit autour de ce thème : "Ensuite est arrivée Irène, un personnage asservi à une idée très particulière du bonheur, qui confond un peu luxe et sérénité. Puis Jean, effacé et timide jusqu'à la soumission. Et enfin, l'idée du malentendu comique de leur rencontre."
Le réalisateur est très satisfait du travail d'Audrey Tautou, notamment pour ses regards et la facilité avec laquelle elle passe d'un sentiment à l'autre dans la même scène. Selon le réalisateur, "elle y arrivait tellement que je lui en demandais encore plus !". Elle s'est beaucoup investi dans le personnage d'Irène et a même suggéré de créer un contraste entre le côté luxueux de son apparence physique et de ses vêtements avec le côté modeste de ses origines sociales trahies par sa voix et ses intonations.
Dès qu'il a vu Gad Elmaleh au théâtre, Pierre Salvadori a tout de suite pensé à lui pour le rôle de Jean. Il voulait un comédien "qui puisse être presque invisible, neutre, et progressivement acquérir une élégance, une beauté, devenir un magicien, quelqu'un qui peut débrouiller pleins de situations. Et aussi quelqu'un qui sache se servir aussi bien de son corps. Un vrai corps burlesque. Précis."
Le personnage incarné par Gad Elmaleh, garçon timide et inquiet, est récurrent dans les films de Pierre Salvadori. En effet, les personnages de François Cluzet (Les Apprentis), Guillaume Depardieu (Cible émouvante), de Marie Trintignant (Comme elle respire) ont beaucoup de points communs : "Ce sont des personnages qui me bouleversent. Ils désirent accéder au monde et en faire partie, alors qu'ils n'ont rien pour ça. Ils n'ont pas le " mode d'emploi ". Comme beaucoup de mes personnages, Jean est un personnage soumis, écrasé par sa timidité, que ses désirs vont émanciper", confirme le cinéaste.
Pierre Salvadori sait s'entourer. Le chef opérateur Gilles Henry travaille avec lui depuis ses débuts : "On se connaît tellement bien, on en arrive aujourd'hui à un degré de collaboration passionnant. Il sait désormais quelle est la langue que j'utilise ou que j'aime utiliser quand je fais un film. C'est très précieux !" témoigne Salvadori. Camille Bazbaz, qui a composé la musique de Hors de Prix, collabore avec Salvadori depuis Comme elle respire. Le cinéaste ne tarit pas d'éloges sur l'artiste : "Quand on s'est rencontrés, on s'est rendu compte qu'on avait beaucoup d'affinités et de vrais goûts communs en matière de musique, comme de cinéma (...) Son travail est très fin, très réfléchi."
Pierre Salvadori applique fréquemment dans ses films la méthode de Lubitsch, baptisée "images expressives", qui consiste à donner de l'importance à un objet apparemment insignifiant. Dans Hors de prix, c'est une pièce d'un euro qui représente les ambiguïtés entre les personnages et sert de relais entre eux et les spectateurs.
Outre son admiration pour Ernst Lubitsch, Salvadori cite plusieurs autres cinéastes de l'âge d'or d'Hollywood comme référence, tel que Gregory La Cava ou Mitchell Leisen. Il se repasse en boucle leurs films "pour essayer de ne pas faire n'importe quoi, de ne pas fournir la comédie de plus qu'on vous réclame toutes les cinq minutes. Je ne les quitte plus de l'oeil, je les regarde comme une boussole pour ne pas perdre le nord !"