Vivisections, inoculations infectieuses, et autres abominations sont le lot des rats, singes, chats et chiens d’un centre de recherche expérimental isolé en Angleterre, animaux vulgarisés en variables d’éprouvettes et subordonnés à l’imagination sadique, à l’indifférence glacée des médecins et à l’insatisfaction chronique des résultats et des statistiques.
Un fox-terrier lobotomisé et un labrador traumatisé par plusieurs morts cliniques par noyade parviennent à s’échapper et tentent de survivre dans la nature grâce aux fruits de leurs braconnages ovins, clairement organisés par l’aide salutaire d’un renard. Mais las de ces pertes comptables, les hommes se mettent en chasse pour attraper ou abattre les pourtant misérables et faméliques fugitifs.
Froid et famine, chasseurs et paysans en colère, égarement et épuisement, chiens militaires et armée, ponctuent désormais leur vie. La traque acharnée, cruelle, insupportable, des deux rescapés de l’horreur leur enseignera pourtant la valeur du rêve, de l’amitié et de la liberté, tandis que se déchirent les hommes à coups de sempiternels mensonges, grands raisonnements et bonne conscience, juste destinés à légitimer leurs crimes et barbarie.
Un des films les plus tristes, choquants, bouleversants, atroces et poignants que j’ai vu en ce jour. Amateurs de Bisounours, passez votre chemin. Les autres, et uniquement les adultes !, accrochez-vous, blindez-vous, et sortez vos mouchoirs, vous allez recevoir un coup de poignard au cœur. Ce puissant dessin animé britannique est une abjecte et sanglante dénonciation de la condition animale dans les laboratoires de la honte, une acerbe critique de l’homo-sapiens (impossible de les qualifier d’humains, vraiment). Pourtant sa force poignante et sa fantastique empathie, aux scènes en grande partie montrées selon une conception canine, hurlent aussi un hymne déchirant à la liberté, à la fraternité de l’extrême, à l’enseignement de la compassion et à l’espoir réduit au rêve.