A le revoir adulte, The Mask perd une partie de son charme : si l'on peut se souvenir de l'entrain d'un Jim Carrey dopé comme jamais, la répétitivité de son jeu et l'humour beaucoup trop enfantin finiront de ranger le film dans la case des divertissements pour gosses aux vannes faiblardes, souvent répétitives et plutôt limitées, déjà vu ailleurs en forcément bien mieux, avec un supplément Jim Carrey qui manque, lui aussi, de variété dans sa performance.
Il donne l'impression de nous donner une pré-vision de ce qu'il fera l'année suivante avec Batman Forever, avec certes plus d'inventivité et une meilleure direction d'acteur; tout comme pour le prochain film de Schumacher, l'adaptation du comics, en l’occurrence The Mask, supprime toute la noirceur du personnage, son ultra-violence, sa folie autant narrative que visuelle pour en faire un hommage géant à Tex Avery, forcément tourné vers les enfants, pratiquement que vers eux.
L'adulte rira plus de ses souvenirs nostalgiques que de l'efficacité des gags, trop souvent tournés du côté du vaseux, avec, heureusement, un peu plus de finesse que les lourdeurs habituelles des comédies américaines. The Mask s'étant tourné vers la légèreté, ses vannes lourdes (mais pas grasses) soutiennent l'infantilisation du personnage, rendant toujours plus crédible et justifiable un changement de personnalité très bien rendu à l'écran.
En tant que comédie pour enfant, c'est un modèle du genre à condition de rester enfant. C'est une fois venu l'âge adulte qu'on se rend compte, comme je l'écrivais plus haut, de ses trop nombreux défauts, notamment du trop faible travail de mise en scène de Chuck Russell, réalisateur du Blob et du Roi Scorpion, visiblement peu à l'aise avec l'humour fin. Une impression de perdition qu'on retrouve dans sa manière de diriger un Jim Carrey en totale roue libre, cabotinant comme pour le médiocre Bruce tout puissant.
Il aura bien heureusement le Mask pour crédibiliser un peu son interprétation grotesque et poussive, et le reste du casting pour le faire redescendre sur Terre; d'une Cameron Diaz au charme inconcevable à Peter Greene en méchant de pacotille (fantastique dans son registre) face au charismatique Orestes Matacena, en passant, notamment, par le duo de flics perdus campés par les rafraîchissants Peter Riegert et Jim Doughan.
Principale qualité de The Mask qui ferait qu'on oublierait presque son humour parfois trop bas de gamme (un poil trop focalisé sur les prouts, les humiliations de méchants et la stupidité cartoonesque de mafieux finalement inoffensifs), il jouit d'un rythme sans temps mort et de multiples scènes cultes, de la danse au club à celle en pleine rue, entre policiers et officiers, qu'on distingue des autres, un peu moins marquantes, par l'utilisation d'une bande-son endiablée, inoubliable et parfaitement calquée sur la personnalité de son personnage, duquel découle une tentative de réflexion forcée.
S'il ne désire clairement pas faire dans la dentelle, on en retire un détail surprenant : durant toute sa première partie se démarque, par l'imbrication dans l'intrigue d'un scientifique montré comme référence à la télévision (pour ensuite le décrédibiliser par de l'humour, une fois le rendez-vous pris), une réflexion sur le port d'un masque possiblement social, servant à cacher notre personnalité, à s'extérioriser en se révélant autre.
C'est après tout le principe de la personnalité de Stanley Hipkis : petit homme sans grande ambition, il mène moins sa vie que sa vie ne le malmène; on l'observe qui passe son temps à se faire soumettre, ridiculiser, rejeter, dépasser. Loin de rendre fou, ce nouveau servira donc à décupler sa personnalité non dévoilée pour en faire une version perverse de Jim Carrey, totalement libre, parfois même angoissante par ses expressions dignes d'un Joker totalement burlesque.
Dommage, donc, qu'on se contente d'une ébauche de réflexion pour directement partir dans un divertissement absurde, haut en couleurs, varié et décomplexé, qui gagne en excitation ce qu'il perd en profondeur. Tout cela pour se conclure sur une morale aussi simpliste que les morales affligeantes pour enfants présentes dans les dessins-animés France 3 (ou Wonder Woman et son pouvoir divin de l'amour qui vainc les guerres mondiales).
Restez comme vous êtes, et vous aurez la femme de vos rêves. Si l'on omet l'inutilité complète du personnage de Cameron Diaz (seulement utilisée comme princesse prisonnière du dragon Dorian), on sera finalement déçu de comprendre que The Mask n'a de but qu'en terme de divertissement simplet, qui excelle dans sa manière de dynamiser ses images, mais se perd dans son humour enfantin, ses références omniprésentes et le peu de profondeur de son écriture.
Explosif mais en déficit d'ambition.