Fritz Lang s’est plusieurs fois distingué avec brio dans les suspenses. S’il existe une comparaison à faire entre le maître anglais et lui, c’est à partir de « The House By The River ». De nombreux éléments de ce film permettent de voir à quel point la maîtrise purement technique de Lang n’avait rien à envier à celle de « Hitch ». Les jeux d’ombres et de lumières, les mouvements de caméras, l’utilisation de la musique et des silences sont excellents. Pourtant, ce qui fait que ce film n’est pas du tout un chef-d’œuvre mais qu’il l’aurait vraisemblablement été s’il avait été réalisé par Hitchcock, comme la plupart de ses films, c’est le traitement psychologique pas assez tranché des personnages, le manque de rythme dans certaines scènes d’action, et la trop grande complexité des ressorts dramatiques. L’un de ces ressorts, le saut du poisson, par exemple, n’est pas assez bien mis en valeur, et pas assez de manière récurrente. La déperdition de son importance vient aussi du fait qu’il semble « noyé » dans un ensemble d’autres signes. Aussi, l’enchaînement où sa réapparition cause la chute du méchant paraît peu crédible. La dramatisation des crimes chez Hitch est toujours très spectaculaire. Non pas dans la longueur ou la brièveté, mais dans la succession hyper rapide des différentes étapes de la scène. Dans « The House By The River », les détails du 2nd crime s’éternisent trop. Trop prévisible, il perd de son impact dramatique, et fait aussi perdre en crédibilité la réapparition ultérieure de la victime. Paul Newman, tout grand acteur qu’il était, n’a pas perçu le génie de « Hitch » et sur le plateau de « Torn Curtain », il n’arrêtait pas de se « friter » avec le maître. Le succès mitigé du film à sa sortie semblait lui avoir donné raison. Mais l’Histoire et le temps ont aujourd’hui consacré « L’Etau » et « Le Rideau Déchiré » comme les plus grands films d’espionnage jamais réalisés. Pour s’en convaincre, merci de lire la critique de Henrico sur ces deux joyaux.