Concernant le regretté Patrice Chéreau, formidable homme de théâtre à la mise en scène prodigieuse, et cinéaste, je dois dire que je lui préfère son activité dans le domaine théâtral. "La Reine Margot" fut son film le plus acclamé, récompensé de moult prix, que ce soit au Festival de Cannes 1994 (Prix d'interprétation féminine pour Virna Lisi et Prix du Jury si mes souvenirs sont bons) ou aux Césars.,Personnellement, je n'ai jamais complètement adhéré au film. N'ayant pas été rebuté par l'aspect théâtral du récit, je reproche à "La Reine Margot" une adaptation trop classique du roman d'Alexandre Dumas. Si la mise en scène de Chéreau en terme de gestion d'acteur notamment est fort reconnaissable (jamais le terme théâtre vivant n'aura pris tout son sens qu'avec Chéreau) et exceptionnelle, dommage que le reste ne suive pas. Sans réelle ingéniosité dans la part du récit et de la technique, on dirait que Chéreau s'est uniquement concentré sur ses acteurs qui font des prouesses, notamment Jean-Hugues Anglade qui crève littéralement l'écran grâce à son interprétation de Charles IX. Certes, de bons acteurs, c'est un plus. Certes, suivre la réalité historique dans le domaine des costumes et de la gestuelle, c'est très bien aussi, autant ne faut-il pas oublier le reste. Si le scénario se laisse suivre, il est loin de rendre parfaitement hommage au livre de Dumas. Le gros problème de "La Reine Margot", c'est que son ensemble est beaucoup trop classique, et venant de Chéreau j'en attendais mieux. C'est dommage car, objectivement, le film n'est pas nul bien au contraire. Il possède de grandes qualités comme un sens de la tragédie particulier qui atteint son apogée dans la dernière partie du film. Mais mis à part ces caractéristiques, les personnages, notamment celui de Margot, auraient pu être beaucoup plus recherchés, surtout que les données historiques à leur propos ne manquent pas. "La Reine Margot" est un film sympathique, mais qui aurait mérité un meilleur traitement dans son scénario, ainsi qu'une meilleure technicité.
Quoi qu'il en soit, je tiens encore à rendre hommage à Patrice Chéreau, sans qui le paysage théâtral et cinématographique ne sera plus le même.