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Yannickcinéphile
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5,0
Publiée le 11 février 2017
La Huitième femme de Barbe-Bleue est souvent louée comme une des grandes comédies des années 30, et je dois dire que c’est en effet une comédie très proprement faite, subtile et intelligente, qui appartient aux meilleurs morceaux de la filmographie de Lubitsch. Le scénario est en effet d’une grande subtilité. Sur une durée courte, le réalisateur orchestre une comédie burlesque où l’amour (ou le désamour parfois) est roi. Dialogues plein d’intelligence, rythme entrainant, situations souvent très amusantes (avec peu de choses), La Huitième femme de Barbe-Bleue aurait facilement pu ressembler à un vaudeville simple, comme il y en a eu beaucoup à l’époque. C’était sans compter le sens de la narration du réalisateur, sa qualité d’écriture, et la fraicheur indéniable des acteurs. Car oui, si ce film réussi son coup, c’est évidemment grâce aux acteurs, sur lequel s’appuie toute l’histoire. La séquence des oignons par exemple, aurait facilement pu être très quelconque avec d’autres interprètes. C’est la finesse de leur jeu, et l’exceptionnelle complicité qu’ils ont réussi à imposer qui rend le film aussi savoureux. Gary Cooper et Claudette Colbert sont en effet très amusants tous deux, et leur confrontation est très drôle. Etincelant tous deux, ils s’amusent énormément de leurs rôles, et on sent une vraie complicité entre eux. On saluera aussi de bons seconds rôles, notamment David Niven. Quant à la forme, Lubitsch s’amuse à multiplier les décors. Réalisateur toujours soucieux de la forme, spécialement du cadre de l’action, on retrouve son souci du détail ici, et le métrage respire aussi. Il y a des extérieurs (la séquence à la plage), ce qui tire le film de la pièce de théâtre, alors même qu’il est, si je ne m’abuse, adapté d’une pièce. La mise en scène est aussi très efficace, Lubitsch imposant un rythme alerte, et orchestrant toujours à merveille ses gags et ses situations, spécialement celle du « faux adultère », qui est tout de même un bijou d’orchestration et d’organisation. En clair, je rejoins les critiques qui considère ce Lubitsch comme un si ce n’est son meilleur film. C’est de la comédie dans sa plus grande simplicité. Pas d’ambition particulière autre que d’amuser et de divertir, et cela avec une application et un sérieux qui aurait été celui d’une grande fresque historique. Précis, maitrisé, interprété par des acteurs excellents, voilà une comédie très plaisante. 5
Il faut sans doute être Lubitch pour rendre sympathiques ces personnages. Gary Cooper espèce de mufle mal embouché, et Claudette Colbert qui se marie pour pouvoir divorcer avec une bonne pension alimentaire (et ne parlons pas de son père qui est un escroc professionnel). C'est excellent, on est scotché dès la première minute et Claudette Colbert crève l'écran. Une très grande leçon de cinéma !
Ce n'est pas le film le plus connu de Lubitsch, c'est pourtant l'un des tout meilleurs. L'ensemble est d'une finesse absolument inégalable et le style de Lubitsch absolument unique en son genre. Tout est admirable ici, que ce soit les situations, les dialogues ou encore les relations entre les deux héros. De plus, Claudette Colbert et GAry Cooper, grace à leurs brillantes interprétations, apportent leur pierre à l'édifice. Un chef d'oeuvre!
Cela faisait une éternité que je ne n'avais pas vu de Lubitsch et j'avais presque oublié à quel point c'était savoureux. Alors non, ce n'est sans doute pas son meilleur film, mais néanmoins ça reste un véritable régal malgré un couple "mal assorti" que je trouve moins charmant que d'habitude.
Le film qui s'ouvre sur la séquence du bas de pantalon de pyjama que ne veut pas acheter Gary Cooper car il dort sans et là réplique de génie, le directeur du magasin répond qu'on ne peut pas vendre juste le haut, ça serait du communisme. L'argument qui sort de nulle part, jubilatoire.
Le film est plein de petites idées, de petites trouvailles de la sorte, comme Cooper qui fait du pédalo en costume pour aller draguer sa belle... Aussi plaisant que saugrenu.
Mais le passage qui m'a sans doute le plus éclaté reste la Reconquista, comment Cooper après avoir lu la mégère apprivoisée va tenter en battant sa femme de faire en sorte qu'elle l'aime. Et je dois dire que ça donne envie de lire Shakespeare. Il faut cependant dire que Lubtisch n'en fait pas une œuvre vantant les violences faites aux femmes puisque lui se ridiculise assez lamentablement. Mais on a malgré tout un bel exemple de femme amoureuse totalement manipulatrice pour avec ce qu'elle veut, comme elle le veut.
Finalement ce qui compte c'est ce sourire qui ne lâche pas le spectateur devant l'absurdité des situations.
Attention, ce film est un véritable danger pour les zygomates ! Car il faut bien le dire jamais le réalisateur Ernst Lubitsch et les scénaristes Charles Brackett et le futur génial réalisateur et digne héritier de Lubitsch Billy Wilder ont fait très fort dans le délire sans pour autant que le film perde un seul instant sa cohérence. En effet, les situations hilarantes s'enchaînent à un rythme effrené et les sous-entendus sexuels pleuvent à verse (à croire que la censure dormait pendant la projection !) sans pour autant sombrer un seul instant dans la vulgarité. Pour ceux qui douterait un seul instant que Gary Cooper ne joue pas à la perfection le comique ce film leur prouve le contraire et dans ce domaine il n'a rien à envier à un Cary Grant et Claudette Colbert n'a jamais été aussi déchaînée ce qui veut qu'elle est FORMIDABLE. Et les seconds rôles Edward Everett Sloane et un tout jeune David Niven sont eux aussi excellents. Un des films de Ernst Lubitsch les plus méconnus mais aussi un des meilleurs. Que du bonheur !
Quand on songe à la sinistre époque précédant la deuxième guerre mondiale, possible de mesurer le courage qu'il fallait pour oser la comédie à partir d'un pyjama dont l'homme veut le haut et une femme comme volant à son secours dans le magasin... le bas. Sobriété obligatoire du jeu de scène masculin pour que la situation jamais ne bascule dans la grossièreté. Quel délice de frôler le scabreux en se gardant d'y succomber ! En plus des rôles titres très bien tenus, des échanges verbaux délectables avec leur intrusion de français par ci par là et de ce couple tombant soudain à la renverse, j'ai particulièrement raffolé de la hiérarchie du magasin, irrésistible maintien du bonhomme qui va posément alerter la haute direction. C'est ciselé au millimètre près et pas une seconde on ne sent le travail que tout cela a demandé à l'équipe en coulisses et sur le plateau tellement c'est ludique, une bonne humeur à laquelle se référer quand les sujets et le traitement du cinéma contemporain fatiguent.
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4,0
Publiée le 5 octobre 2014
Peut-être la meilleure comèdie de Lubitsch! Ce dernier possèdait depuis belle lurette ce don de synthèse exceptionnel qui marquera toute son oeuvre, un instinct infaillible du dètail vrai : il lui suffisait souvent d'un simple geste pour donner à une scène un ton incisf et prècis! Oeuvre lègère et divertissante, mais aussi celle d 'un grand directeur d'acteurs, d'un crèateur de personnages à l'imagination dèbordante, "Bluebeard's Eighth Wife" (vu à Paris, dans un cinèma indèpendant d'Art et Essai situè dans le 5e arrondissement) est une comèdie riche en rebondissements auxquels participent joyeusement Gary Cooper et Claudette Colbert! C'est ici le triomphe d'un cinèma de dètente, sur une alchimie de bons sentiments et de scènes souvent drôles! On n'oubliera pas de sitôt la scène du pyjama et surtout celle du mot "Tchècoslovaquie" à l'envers pour s'endormir! Cooper est formidable de drôlerie dans cette sèquence! N'oublions pas de citer ègalement la qualitè des seconds rôles, en particulier David Niven...
"Si vous n'aviez pas porté ce bas de pyjama, jamais je n'aurai acheté votre baignoire!!!!!" "-Comment trouve-t-on une place? -que savez-vous faire? -rien!!" Un vrai plaisir jubilatoire que cette comédie survoltée où les traits d'humour se succèdent sans répit. Les acteurs sont d'une grande élégance et Gary Cooper presqu'au niveau de Cary Grant.
Échec à sa sortie, cette comédie qui met en scène un Barbe Bleue des temps modernes est pourtant excellente, écrite avec talent par le duo Charles Brackett/Billy Wilder qui ne tardera pas à rencontrer le succès et interprétée par un fringuant Gary Cooper en millionnaire énergique et capricieux se heurtant à une femme plus tenace que les autres que Claudette Colbert joue avec un naturel très charmant. Le rythme est enlevé et ne retombe jamais et l'on rit souvent, Lubitsch sachant s'y prendre pour diriger ses acteurs et mener l'ensemble d'une main de maître.
Lubitsch sait jouer avec beaucoup de virtuosité et de drôlerie avec l’arbitraire des règles de civilité. Le gag de départ, l’espèce d’ébranlement social provoqué par la volonté d’achat d’une partie seule de pyjama est par exemple vraiment irrésistible… La logique imperturbable dans l’absurde des gags finaux, dans la maison de repos, est très bien aussi. La principale limite du film est l’aspect très stéréotypé des personnages : le milliardaire américain ignorant des usages, fonceur obéissant à ses impulsions immédiates et au pouvoir de l’argent ; le vieil aristocrate français désargenté et un peu escroc. Ça doit être ce défaut qui explique le jeu raide, mécanique, de Gary Cooper. Il est généralement bien meilleur.
Le cinéma de Lubitsch a incontestablement une certaine élégance. "La huitième femme de Barbe Bleue", sans être pour autant son film le plus abouti, illustre très bien cette aisance comique. Lubitsch possède un talent tout particulier pour le comique de situation, si bien que, malgré le raffinement de certains dialogues très recherchés, ses gags les plus efficaces relèvent uniquement de la situation, se rapprochant en cela du cinéma burlesque muet. Chez Lubitsch, c’est souvent ce qui n’est pas dit, mais ce qui est vu et deviné, qui créé l’effet comique. Mais la principale particularité de ce cinéma, ce qu’on appellera plus tard la "Lubitsch touch’" et qui suscitera l’admiration de tant de cinéastes et cinéphiles, repose sur le traitement du rythme. Les films de Lubitsch sont des films rapides (souvent courts), enchaînant les situations en évitant tout temps mort. Le cinéaste use et abuse alors du comique de répétition et s’efforce de transformer ses meilleurs gags en gags récurrents, leur offrant 2, 3 voire 4 rebondissements différents. Le coup du pyjama qui introduit ainsi "La Huitième femme de Barbe Bleu" en est un excellent exemple, tant Lubitsch explore toutes les pistes comiques de la situation, et demeure sûrement la meilleure idée du film. Mais alors que dans un film comme "To be or not to be", ce rythme effréné était parfaitement géré (avec une monté en pression savoureuse) et découlait naturellement du foisonnement d’idées présentes dans le film et du nombre incroyable de rebondissements, il a ici tendance à couper trop tôt l’effet comique de certaines scènes, sans contrepartie véritable, gâchant un peu notre plaisir. Au lieu d'aller vite pour rebondir et nous surprendre toujours davantage, le rythme est uniquement calculé ici pour nous maintenir en haleine. Par ailleurs le film se révèle plus léger que certaines autres réalisations de Lubitsch, qui offraient un deuxième degré de lecture sociale, particulièrement savoureux dans le genre de la comédie.
La huitième femme de Barbe-Bleue est une comédie fort agréable dans la lignée des film d'Ernst Lubitsch. On retrouve tous les ingrédients de la comédie de boulevard : manigances, quiproquos, personnages dupés …. La vraie force du film réside dans le choix des acteurs. Dire qu'à sa sortie, certains critique que Gary Cooper était un mauvais choix. Sa gouaille, ajoutée à celle Claudette Colbert fait des étincelles. L'humour est complètement loufoque et les personnages totalement rocambolesques. Ce n'est pas forcément le film le plus mémorable de la filmographie de Colbert, Cooper ou Lubitsch (toute la partie après le mariage des deux protagonistes est moins intéressante), mais c'est très plaisant.
"La huitième femme de Barbe Bleue" est une comédie romantique moderne; la femme n'y est pas un simple objet à conquérir mais un personnage malicieux, tout autant que le Don Juan trop sûr de sa puissance séductrice. Malgré une mécanique trop bien huilée, c'est-à-dire qu'elle n'est jamais déréglée, le film enchaîne des situations cocasses et des dialogues où les non-dits ont une importance de taille. Outre une écriture originale qui permet un bon nombre de scènes savoureuses, le plaisir procuré par le film tient à la confrontation entre la virilité de Gary Cooper et la douceur de Claudette Colbert, et encore plus à la façon dont l'assurance du premier se heurte à l'espièglerie de la jeune femme, laquelle domine progressivement son prétendant en lui faisant comprendre qu'elle se marie avant tout pour son argent. Lubitsch signe ainsi un film rondement mené, souvent jubilatoire du fait de son lot de situations délirantes.
Lubitsch est réputé être le maître absolu de la comédie américaine. Nombreux sont les metteurs en scènes de Wilder à Cukor qui l’ont choisi comme maître. L’exercice de style qu’il nous propose dans ce huis clos où deux époux se renvoient la balle au sujet d’un quiproquo sur le nombre d’épouses consommées par le mari milliardaire renvoit à l’opposition entre la vieille Europe des traditions dont Lubitsch est lui-même issu et la nouvelle Amérique qui s’affranchit de tous les préjugés. Lubitsch expose sans doute dans ce film sa dualité d’émigrant. La démonstration est quelquefois un peu lourde sans doute plombée par le jeu emprunté de Gary Cooper qui l’âge venu ne se risquera plus souvent dans la comédie loufoque où il n’avait pas, loin s’en faut, l’abattage d’un Cary Grant ou d’un James Stewart. On s’ennuie donc un peu à voir Cooper jouer les bougons en face d’une Claudette Colbert plus à son aise pour avoir fait merveille quelques temps plus tôt dans le « New-York Miami » de Frank Capra qui pour le coup était une vrai réussite moult fois récompensée aux Oscars de 1934.
Une comédie américaine cultissime servie par une brochette d'acteurs au sommet de leur forme, Gary Cooper d'abord, raffiné et élégant en diable, et une Claudette Colbert ensuite, phénoménale dans le rôle de l'épouse moderne et extravertie. Ernst Lubitsch filme l'ensemble avec gaieté et profite de l'immense talent de Billy Wilder, qui signait là le scénario.